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Splendeurs des Munsey Magazines

• Austin Hall, The Spot of Life, Argosy (13 août 1932-10 septembre 1932)


Suite de The Blind Spot, mais écrite par Austin Hall seul, Homer Eon Flint étant tombé dans un ravin, tué par des gangsters, selon la rumeur. Une génération a passé depuis les événements décrits dans The Blind Spot. Le « point aveugle » est rouvert par le Bar Senestro, second du nom, l'archi-traître du monde parallèle, qui souhaite envahir la Terre avec une immense armée. Une équipe de bric et de broc, côté terrestre, avec à sa tête un mathématicien allemand qui parle comme dans les Katzenjammer Kids, surveille le point de passage, tandis que, dans le monde parallèle de Thomalia, le Pr Holcomb, qui est toujours vivant, sa nièce, issue du mariage d'un des athlètes terriens tombés dans le Blind Spot, et d'une princesse thomalienne, et Hal Watson, petit-fils de Holcombe qui vient de tomber lui aussi dans le Blind Spot, tentent de fermer le passage avant qu'il ne soit trop tard.

Le récit est essentiellement une ressucée de The Blind Spot, qui avait tant plu aux lecteurs d'Argosy. Mais il est encore plus mal écrit, si c'est possible, que son modèle. Austin Hall est capable de phrases telles que : « But immediatly the queen rose. Her beauty became intense. » La nécessaire couture avec le récit précédent et le nécessaire rappel des faits sont particulièrement maladroits, l'auteur interrompant un récit réflectorisé sur un personnage, typique des pulps magazines, par des « retournons en arrière » et des « rendons-nous à présent » qui semblent empruntés à Walter Scott. Mais surtout, Austin Hall se pique de philosophie et propose un brouet pataphysique où se mélangent la vie, la mort, les plans vibratoires, les théories d'Einstein, la théorie atomiste, la constante de Planck, écrite avec son collier de zéro, et les lois de la thermodynamique, ce qui fait sombrer le récit dans la grandiloquence et le ridicule. (Sur un autre plan, cette surenchère pseudo-scientifique amène Austin Hall à s'extasier devant les prouesses intellectuelles somme toute modestes des savants du récit, le fait d'enseigner à l'université ou le fait de lire plusieurs langues étant par exemple accueilli par notre auteur avec des exclamations d'enthousiasme, ce qui fera bien plaisir au lecteur qui serait lui-même polyglotte et titulaire d'un doctorat.)

Cette résolution de ramener le Blind Spot littéralement au mystère ultime, au secret de l'univers, moyennant un échafaudage de références scientifiques mal digérées, apparaît d'autant plus malavisée que le principe des deux mondes qui coexistent dans le même espace est parfaitement clair pour le lecteur (ce motif des univers parallèles deviendra classique en science-fiction), et qu'il suffisait d'invoquer une théorie quelconque (mettons les plans vibratoires) pour l'étayer. Mais Austin Hall essaie vraisemblablement de jouer simultanément sur tous les tableaux, et de donner un récit qui relèverait à la fois de l'aventure scientifique, du fantastique et de l'occulte, ce qui est naturellement impossible. Même le surnaturel est convoqué, puisqu'on nous explique que la mort n'est elle-même qu'un passage vers quelque monde parallèle.

Harry Morgan

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