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Mythopoeia - Æsthetica - Critica

BANANAS , REVUE CRITIQUE DE BANDE DESSINÉE
N° 7, février 2015
22
Bd du Général Leclerc B5, 95100 Argenteuil

Dossier sur Jean Giraud dans les années 1990 avec une interview inédite du maître réalisée par Christian Marmonier en 1995, et deux articles d'Évariste Blanchet sur La Folle du Sacré-Cœur et L’Homme du Ciguri.
Le compte rendu du livre de Jean-Yves Mollier, La Mise au pas des écrivains, permet à Évariste Blanchet de se pencher sur le cas de l’abbé Bethléem, grand pourfendeur d’illustrés. M. Blanchet a la bonne idée de nous proposer trois articles tirés de Roman-Revues/La Revue des lectures, ce qui permet au lecteur de juger sur pièce le point de vue de la réaction cléricale sur les illustrés.
Publié en 1912, un article sur L’Épatant, signé H. David, émane manifestement d’un homme cultivé et qui ne s’effraie pas facilement. Déplorant vulgarité et sensationnalisme dans la revue des Offenstadt, H. David finit par regretter que la revue ne tente jamais de s’élever « au-dessus des bas instincts et des destructions banales pour (...) ennoblir un peu l’esprit et le cœur ». Et d’encourager pères et mères catholiques à surveiller les lectures de leurs enfants. En somme H. David exprime exactement le point de vue qu’exprimera en 1987 un Alain Fourment (Histoire de la presse des jeunes et des journaux d’enfants, éditions Eole).
L’article suivant, sur Hurrah, Jumbo et Le Journal de Mickey, paru en 1937, est nettement moins bien écrit et moins inspiré. À Hurrah, il est reproché essentiellement son américanisme et subsidiairement sa « puérilité », mais on conclut qu’il « n’est point répréhensible d’un point de vue moral ». Jumbo est « puéril » et peu français, mais n’est in fine « point répréhensible d’un point de vue moral ». Jumbo est également accusé d’être ce que les professionnels de l’enfance appelleront après-guerre « une revue déréalisante ». Les critiques les plus dures sont réservées au Journal de Mickey qui, outre son américanisme débridé, est identifié comme publié, mais en sous-main, par les éditions Hachette, ce qui est du reste la stricte vérité. Cependant ce qui choque le plus La Revue des lectures, c’est la rubrique « Petite correspondance », qui permet à des garçons et des filles de 14 à 18 ans de correspondre à l’insu de leurs parents.
En somme, tout ceci apparaît comme assez bête et, en ce qui concerne Le Journal de Mickey, malveillant, mais on est très en dessous, pour l’hystérie dénonciatrice, de ce que publiait, un an plus tôt, un Georges Sadoul (Ce que lisent vos enfants, Bureau d’édition 1936), ou des écrits des censeurs de la Commission de surveillance dans les années 1950 et 1960.
On finit sur un article de 1936 examinant Cadet-Revue d’Alain Saint-Ogan, publication qui est jugée excellente, et qui serait même recommandable s’il ne lui manquait « le sens chrétien ».
Ce numéro de Bananas se poursuit par un article au long cours d’Évariste Blanchet sur Tanguy et Laverdure de Jijé qui fait regretter qu’on ait si peu d’études bien informées sur des œuvres qui ne sont pas de premier plan. Suit une étude de Harry Morgan sur le héros comme être de papier, qui examine de façon savante, mais sans jargon théorique inutile, les lois présidant aux univers dessinés (principe d’anthropomorphisation universelle, principe de métamorphose, etc.).
Bananas s’achève sur des critiques de livres, dont un examen sans concession de The Visual Language of Comics de Neil Cohn, de la main de Renaud Chavanne.

HISTOIRE DE LA BANDE DESSINÉE SUÉDOISE
Frédérik Strömberg
PLG, collection Mémoire Vive, 2015

Courte histoire de la bande dessinée suédoise, valant par sa riche iconographie, de la main d’un Suédois dont le souci est naturellement de présenter les auteurs importants de son pays.
Comme la plupart des pays européens, la Suède a connu au XIXe siècle un beau bouquet d’histoires à texte sous l’image, d’inspiration töpferrienne. Le strip se développe dans les journaux quotidiens à la fin des années 1920. L’influence d’Alex Raymond se fait sentir sur les auteurs du cru dans les années 1940. Les années 1950-1960 voient le triomphe d’une bande dessinée populaire et de qualité, qui naturellement effarouche professionnels de l’enfance et bien-pensants.
L’album ne se développe qu’au début des années 1970, les revues destinées aux adultes dans les années 1980.
Le tour d’horizon des dessinateurs actuels (qui sont souvent des dessinatrices) brouille cette belle ordonnance, car les facteurs esthétiques et éditoriaux deviennent trop nombreux, de sorte que se côtoient style punk, manga à la suédoise, album franco-belge, tandis que se développent autobiographie dessinée, reportage dessiné, et autres romans graphiques.
Remarquable bibliographie des bandes suédoises traduites en français et en anglais.

TINTIN, BIBLIOGRAPHIE D'UN MYTHE
Olivier Roche et Dominique Cerbelaud
Les Impressions nouvelles, 2014

Publier une bibliographie critique, quel que soit le sujet, peut être considéré comme un coup de folie de la part de n’importe quel éditeur, puisqu’on se place au troisième degré d’abstraction, celui de la littérature tertiaire, soit la littérature qui porte sur la littérature secondaire (qui porte elle-même sur le corpus). [Lire]