MISCELLANÉES LITTÉRAIRES ET POPULAIRES
Annales de la littérature populaire
Département des notes de lecture
• Pierre Chevallier
Arnould Galopin
homme de lettres — romancier populaire 1863-1934
PGC éditions, 2013
Pierre Chevallier nous propose, à l'occasion des cent cinquante ans de sa naissance, un portrait du grand romancier populaire Arnould Galopin, qui fut l’un des plus prolifiques épigones de Jules Verne. Cette scrupuleuse recherche biographique et bibiographique s'appuie notamment sur l'étude des archives de l'éditeur Albin Michel. Accouchant de plus de 2500 fascicules destinés à la jeunesse, Galopin fut aussi l’auteur de feuilletons souvent à l’imitation de romans policiers anglais pour Le Journal et Le Petit Journal (le plus connu étant La Ténébreuse affaire de Green-Park.)
En bon vernien, Galopin fut un spécialiste du tour du monde aventureux, à partir du Tour du monde de deux gosses (1907). Ces séries sont fréquemment pléthorique, puisque leur principe même permettait d'enfiler les aventures à l’infini. Plus généralement, Galopin est le spécialiste du héros aventureux et juvénile, veine qu’il exploita véritablement jusqu’à plus soif (Le Petit Mousse, Aventures d’un petit explorateur, Le Petit Chasseur de la pampa, Les Aventures d’un petit Buffalo, Le Petit Chasseur de panthères, etc.).
Galopin avait été pendant une dizaine d’années journaliste avant de devenir écrivain à plein temps. Dans les premières années, il œuvra souvent en collaboration avec le comte Henry de la Vaulx, pionnier du dirigeable et fondateur de l’aéro-club de France, d’où des séries aventureuses et aériennes (Cent Mille Lieues dans les airs, Le Tour du monde en aéroplane). Il collabora aussi avec le capitaine Danrit pour les 86 livraisons de La Révolution de demain. Plus étonnamment, l’ouvrage de Pierre Chevallier nous apprend que Galopin fut de façon anonyme le collaborateur de Louise Michel pour ses Souvenirs et aventures de ma vie.
Galopin auteur de fascicules travailla essentiellement pour Albin Michel. La correspondance avec l’éditeur nous montre des hommes désireux de faire des publications de bon goût, ayant la bénédiction des institutions et qui ne se confondent pas avec les publications jugées sensationnalistes de leurs concurrents. De là l’aspect quelque peu convenu des péripéties de séries qui, pour la plupart, sont devenues difficilement lisibles, et qui ne furent plus rééditées après la moitié du XXe siècle.
Là où Galopin se lâche un peu, c’est dans ses romans d’imagination scientifique, comme Le Docteur Oméga, qui deviendra, développé en fascicules, Les Aventures fantastiques d’un petit Parisien. C’est la partie de l’œuvre qui survit auprès des amateurs de littérature populaire, via la micro-édition. (Ainsi, Le Bacille, feuilleton du Journal de 1927 a été réédité en 2011 à l’Arbre Vengeur à Talence.)
La guerre de 1914 permettra aussi, patriotisme aidant, quelques excès à Galopin. Le juvénile héros d’Un poilu de douze ans, flanqué de son grand ami, le poilu à la jambe de bois, se rit du Kaiser tout au long des 219 fascicules de la série.
Au milieu d’une mine de renseignements de première main, l’ouvrage de Pierre Chevallier propose 30 pages de hors-texte couleur qui feront la joie de l’amateur de vieux papiers.
On regrettera les défauts inhérents à la recherche sauvage (absence d’index, ouvrages secondaires cités sans date ni nom d’éditeur), ce qui n’ôte rien au sérieux du travail.
Manuel Hirtz
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