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Le gentleman de la nuit
Volume 5 - n° 1. Manuel Hirtz editor
A ce dont l'esprit se contente, on mesure l'étendue de sa perte. Hegel

Variétés

Bingo bongo

Il nous a été donné de voir le film Bingo Bongo (1982) du maître de la comédie ringarde italienne Pasquale Festa Campanile, auteur entre autre de l'inoubliable Quando le donne avvevano la coda (quand les femmes avaient une queue) et de sa suite Quando le donne persero la coda.

Dans Bingo Bongo, on découvre en Afrique un homme singe (Adriano Celentano), comprenant le langage des animaux et mangeant force bananes. Ramené en Europe, il sert d'objet d'étude à une bande de savants arrivistes et stupides, ne trouvant de sollicitude que chez une charmante psychologue spécialiste du comportement animal (Carol Bouquet).

L'homme singe parvient à s'évader et trouve refuge chez la jolie psy et son chimpanzée familier. Elle lui apprendra non sans mal à parler italien et bien sûr, après bien des péripéties (sans grande surprise pour dire vrai), ils finiront tous deux par filer le parfait amour.

Pas de rapport, on le voit, avec la bande dessinée de Sergio Asteriti, mais on ne m'empêchera pas de penser que le titre du film de Festa Campanile n'a pas été choisi par hasard.

 

Friday Foster

 

Le comic strip américain de Lawrence et Longaro, Friday Foster, publié en France dans Rétro BD n. 3 à 8, a connu une adaptation cinématographique.

Avec l'aide d'un ami détective et du milliardaire Black Jack, la photographe Friday Foster y déjoue un complot visant à éliminer les principaux leaders noirs.

La mise en scène d'Arthur Marks est plus que désinvolte et le scénario est plutôt confus, mais le tout n'est pas déplaisant.

Le fait que, comme dans la BD, pratiquement tous les personnages soient noirs, confère au film un statut singulier (même si à l'époque il est loin d'être le seul du genre).

Friday Foster, le film, fait même dans le racisme à l'envers; on cherchera en vain un blanc sympathique (pas même un majordome stylé et philosophe ou un garçon de café amusant!), et bien sûr le patron des méchants est un blanc. Le metteur en scène profite que Friday Foster prenne une douche pour nous faire admirer sa généreuse poitrine, ce qui, bien sûr, n'arrive jamais dans la BD. En prime, il y a une chanson du film, genre "Hymne à Friday Foster".

Le ton général est d'ailleurs très "vous avez aimé la BD, vous aimerez le film, puisqu'il va plus loin que la BD".

 

Reporter de choc (Friday Foster), film américain d'Arthur Marks (1975). Durée: 1 h. 30. Avec: Pam Grier, Yaphet Kotto, Godfrey Cambridge.

 

Paul Féval fils

(Le Gentleman n. 3)

 

Le roman de Paul Féval fils, L'Homme de paille, sous titré "Les mystères de la C.G.T., roman d'à-côté social", publié aux éditions Radot en 1927, tourne autour d'un des thèmes majeurs du roman populaire: la captation d'héritage.

Cette opération machiavélique et crapuleuse qui vise à priver de son château et de sa fortune une famille de nobles vertueux, est montée par la C.G.T., une bande d'escrocs composée de : "1° Maître Gabriel Thibault, avocat; 2° Yanus Sujaré, leader écouté de l'extrême opinion, député de Saint-Martin-de-Ré, et directeur du grand quotidien "La Voix brutale", 3° Vergès Thauve, ex-professeur d'histoire au lycée Condorcet, directeur du journal intermittent "L'Anti-Patrie"; 4° le citoyen Dautap, délégué représentant des syndicats confédérés; 5° Thémunos, poète-chansonnier sans valeur, mais habile à se faire passer pour le Rouget de L'Isle des chambardeurs révolutionnaires; 6° Enfin, Lacrousette, petit être remuant, âgé de quarante ans, homme sans aucun scrupule et savant dénicheur d'affaires troubles, le rouage le plus indispensable de cette association." En réalité le sigle C.G.T. "signifiait simplement Consultation Gabriel Thibault, mais nos aigrefins, profitant de la confusion, avaient laissé s'accréditer cette légende, ayant à faire de nombreux appels de fonds aux généreux anonymes qui alimentaient la «caisse secrète des Grèves»."

C'est donc une fausse C.G.T que nous présente Féval fils. Le lecteur a quand même un peu l'impression que l'auteur ne fait le distinguo qu'à contrecoeur et pour que son roman ne sombre pas complètement dans le ridicule ou dans la calomnie.

Ce qui est clair en tous cas, c'est que Féval fils, réactionnaire dans l'âme, veut ici condamner avec force les moeurs des temps nouveaux. Il va d'ailleurs jusqu'à présenter son oeuvre comme un roman à clé, ainsi qu'en témoigne une note en bas de page: "C'est à l'obligeance de M. Raoul du Faur, comte de Pibrac, que nous devons la plupart des renseignements qu'on va lire. Nous lui devons aussi d'avoir pu placer à Pibrac partie de cette véridique histoire contemporaine, ceci afin de dépister les trop curieux fils de Laïus, prospecteurs acharnés de tout roman à clé. Nous lui adressons ici nos sincères remerciements."

Dans l'Homme de paille, pour parvenir à ses fins, la CGT manipule un jeune crétin, apprenti-proxénète, Onésiphore, qui finira fou, car bien sûr tout se terminera très mal pour les méchants.

Innocente martyre, victime d'Onésiphore et d'un fils de famille "dégénéré", seule en définitive à payer les pots cassés, Laurette Lory, "la gentille aimante et désintéressée" sténo-dactylographe est rousse. Ce qui permettra au roman de Paul Féval fils de trouver place dans mon monumental ouvrage: "Les Rousses dans l'art et la littérature". (Parution prévue Novembre 2040.)

Nonobstant un discours idéologique dont on peut aujourd'hui goûter en toute quiétude le ridicule, l'Homme de paille est agréable à lire pour qui aime le roman populaire, même si l'auteur nous demande de trouver sublime l'attitude de personnages qui ne sont en fait que prisonniers de préjugés et de principes stupides. Féval fils contrebalance ce côté 19ème siècle en mettant en scène un couple de jeunes premiers nettement moins bêtes que leurs aînés, et qui sauveront la situation grâce à une fausse apparition du fantôme de Sainte Germaine, qui fera perdre la boule aux aigrefins de la C.G.T..

 

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