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SHERLOCK HOLMES EN RFA
SHERLOCK HOLMES A GAME OF SHADOWS
GUY RITCHIE 2011


Ce second volet du nouveau Sherlock Holmes cinématographique, en une époque où on croyait le personnage réservé à la fiction télévisuelle, fonctionne strictement comme la réduction en un seul film d’un vieux serial, d’où l’impression inévitable que les choses vont un peu trop vite pour qu’on puisse les suivre, ce qui n’a du reste pas la moindre importance car le cabotinage des acteurs, les effets spéciaux épastrouillants, les gags désopilants emportent la partie. Quant à la référence aux récits de Conan Doyle, elle est une pure apparence. Sherlock Holmes, le docteur Watson, Irène Adler, le professeur Moriarty, Mrs Hudson sont devenus de simples marques commerciales et le film serait rigoureusement le même si Robert Downey incarnait Doc Savage, Le Nyctalope, Tintin ou le Mouron Rouge, qui ne manqueraient pas pour l’occasion de se déguiser eux aussi en fauteuil — et on suivrait de la même façon leurs processus mentaux au moyen d’un montage hyper-accéléré.
Cependant, pour ne pas mécontenter les sherlockiens, cette désinvolture quant à l’esprit des récits est compensée par une ostensible attention à des détails d’érudition, résultat tardif de cette vieille plaisanterie inusable lancée par Mgr Knox consistant à traiter le « canon » holmesien comme des récits historiques.
Ce même phénomène de transmutation d'un élément du monde naturel en marque déposée s’étend à tout, décor, costumes, accessoires et même références historiques. On trouve ainsi, en 1891, d’évocateurs phonographes à grands pavillons, jouant des disques, plutôt que d’antiques quincailleries jouant des rouleaux en cire, qui ne diraient probablement rien au spectateur. Quant à la menaçante puissance teutonesque, toujours en 1891, elle s’appelle « Deutschland » plutôt que « Das Deutsche Reich », et elle arbore le drapeau noir, rouge, jaune de... la République fédérale allemande (1949), de préférence à l’étamine rouge, blanche et noire. L’Allemagne qui nous est présentée consiste d’ailleurs en tout et pour tout en forêts et en usines fabriquant les canon de M. Krupp. Les tziganes sont eux aussi labellisés par le roman populaire, voleurs sympathiques et mangeurs de hérissons cuits au tandoori.
— Manuel Hirtz

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