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LES MALADIES DE LA LITTÉRATURE

• LE PRIX GONCOURT

Alexis Jenni, L’Art français de la guerre, Gallimard, 2011

Ce premier roman témoigne d’une technique très inférieure à celle d’un auteur moyen de pulp magazine des années 1930, écrivant dans Adventure, Top-Notch ou Argosy. Cette insuffisance technique s’aggrave par le recours systématique aux lieux communs « littéraires », qui font sombrer dans l’ineptie un roman qui sans eux serait simplement insignifiant. À côté d’une grandiloquence qui appartient en propre à M. Jenni, des souvenirs confus du style de Céline et du stream of consciousness amènent des phrases qui sont garanties « au bon goût de littéraire », mais qu’un auteur jouissant du sens du ridicule aurait immédiatement effacées sur son ordinateur, avant d’aller faire une longue promenade. Ajouter la désormais indispensable dénudation de la fiction (le narrateur avertit qu’il n'est que le narrateur, et qu’il n’en sait pas plus que nous), et son jumeau maléfique, la mort du personnage : le narrateur falot de M. Jenni, sans psychologie ni état-civil, c’est le Salavin de Duhamel devenu ectoplasmique.
L’Art français de la guerre correspond strictement à la littérature que pourrait pondre un poulet en batterie à qui on aurait mis la télé pour augmenter son rendement. Comme tous les manuscrits envoyés par la poste aux maisons d’édition, celui-ci fait alterner des visions d’épouvante (ici les guerres coloniales) avec le présent du « narrateur » (ici, les émeutes de banlieue). Car il est permis de se masturber l’hypothalamus en racontant des horreurs, à condition qu’on précise que la guerre, c’est mal — et on peut même montrer les aspects les moins riants de l’immigration, sous réserve de ployer sous le remords colonial. Mais le point essentiel, chez M. Jenni — comme chez tous ses confrères en littérature postale qu'on ne peut malheureusement pas publier car on ne peut malheureusement pas publier tout le monde — est que tout est vu à travers l’imagerie télévisuelle, que tout est restitué au moyen de la rhétorique imagière télévisuelle, que tout renvoie à la posture morale des producteurs d'images télévisuelles.

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