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Extraits du journal de Harry Morgan 2007

JOURNAL 2007.  - Un évangile pour les chats. - Une révolution par la bêtise. - Le procès de Charlie Hebdo. - les Pharisiens à l'envers. - Vanity Fair de Mira Nair. - D. H. Lawrence, Sons And Lovers. - Les Goncourt, Germinie Lacerteux. - The Mill on the Floss. - Les attentats ratés en Grande Bretagne. - The Lord of the Rings.


5 janvier. — Un Évangile pour les chats. Le Christ est l’ouvreur des portes et des fenêtres. L’économie du Salut est basée sur l’ouverture. (« Grattez et on vous ouvrira. ».) Le Paradis est l’endroit où de nouvelles ouvertures jaillissent constamment en des endroits inattendus.

6 janvier. — Le rêve multiculturaliste de nos élites était, à le considérer rétrospectivement, la plus ambitieuse entreprise d’ingénierie sociale de la fin du XXe siècle. Il était, pour parler sans ambages, une révolution. Comme toute révolution, il imposait que l’on jetât bas ce qui existait. Mais il me semble qu’on avait cru pouvoir opérer cette destruction de façon subreptice, en privant les populations de leur culture et de leur histoire. On avait fait le calcul d’une révolution par la bêtise, au lieu d’une révolution par la violence.

10 février. — Il se fait dans les médias une sorte d’union sacrée autour de Charlie Hebdo, dont le procès, intenté par les associations islamistes pour insultes raciales, s’est tenu les 7 et 8 de ce mois. Des éditorialistes qui il y a un an répétaient à l’envi qu’il ne fallait pas « provoquer » les musulmans en publiant des caricatures de Mahomet, prennent aujourd’hui position en faveur de la liberté d’expression.
Curieusement, l’analyse des journalistes reste aussi fautive qu’il y a un an. La question est toujours présentée comme un conflit de normes entre liberté d’expression d’une part et « respect » des minorités d’autre part. Simplement, les journalistes ne croient plus que la représentation du prophète par Cabu et par les dessinateurs danois outrage l’ensemble des musulmans, mais seulement qu’elle moque les islamistes qui sont, après tout, des terroristes et avec lesquels il n’y a pas à prendre de gants. Le raisonnement du journaliste bien-pensant repose sur un apparent truisme : « Ma liberté de parole ne m’autorise pas à insulter les gens ». Mais cette présentation est déjà une façon de préjuger la question, l’usage d’une liberté étant associé systématiquement à l’abus de cette liberté. La mention à première vue anodine de nécessaires restrictions à la liberté d’expression permet donc en réalité de constituer l’usage de cette liberté en catégorie quasi-pénale. Les islamistes n’ont plus, dès lors, qu’à déplacer le curseur entre ces deux pôles de la « liberté » et du « respect », en faisant valoir que la plus légère des critiques est déjà une grave atteinte aux musulmans. De fait, il y a fort à parier que cette limite se déplacera au gré des caprices de l’opinion et en fonction du lobbying des islamistes.
La position actuelle des journalistes consiste à réinterpréter la question en termes de « valeurs » républicaines ou laïques, en notant qu’on ne peut remettre en cause la liberté d’expression, qui est une norme sacrée, le fondement de nos institutions, etc. Mais ce recentrage tardif des journalistes autour de la laïcité ou des valeurs républicaines me semble bien précaire. Si au lieu de produire un dessin particulièrement embarrassé où un gentil prophète s’en prenait aux seuls islamistes, Cabu avait produit un dessin qui fût, au sens propre du mot, anticlérical, et qui visât l’islam (analogue donc aux dessins anticléricaux visant l’Église catholique, qui furent la spécialité de Charlie Hebdo), je ne suis pas sûr que les journalistes eussent fait preuve d’autant d’intrépidité.

25 février. — Je ne diffère point des écrivains victoriens que j’admire tant. Mes ennemis sont les ennemis de Thackeray, de Dickens ou de George Eliot. Ce sont les hypocrites, les pharisiens, les bien-pensants. Seulement les pharisiens modernes ont bâti leur pharisaïsme à l’envers, en prêchant le dégoût de leur culture, de leur société ou d’eux-mêmes. Ils ont toujours l’air de nous dire : « Pharisien, moi ? Impossible. Je suis d’idées avancées. » Mais en dépit de cette inversion de la norme, je trouve chez eux les traits des pharisiens de toutes les époques, la même affectation de supériorité morale, la même étroitesse d’esprit, la même haine de tout ce qui est un peu libre ou un peu original.

6 mars. — Visionné l’adaptation crétinisante de Vanity Fair faite en 2004 à Hollywood par la cinéaste indienne Mira Nair. L’intrigante Becky Sharp, qui, dans le roman, est une mauvaise épouse, une mauvaise mère, une femme vivant d’expédients et ruinant ses amis et bienfaiteurs, et pour finir une empoisonneuse, devient, dans la version filmée, une sorte de protoféministe. L’ambition de Becky est décrite comme la recherche d’une juste compensation de handicaps sociaux, à la fois de genre (Becky est une femme) et de classe (elle est fille d’une danseuse et d’un peintre), de sorte que le roman est retourné cul par dessus tête, et que ce sont les ennemis de Becky qui deviennent des personnages négatifs, cramponnés à des préjugés d’un autre âge ou à des privilèges de classe. Comme malgré tout Becky reste, dans le film, une manipulatrice et un parasite, qui vit sur un grand pied sans avoir de ressources autre que les gains au jeu de son mari, ces caractéristiques sont présentées comme anodines ou à tout le moins comme excusables, le résultat étant que le propos du film devient à peu près incompréhensible.
Le film est très médiocre. Le scénario n’est guère plus qu’un bout à bout de scènes du roman, difficilement compréhensibles et qui ne procurent aucune émotion. Les moyens considérables que la production met en œuvre sont gaspillés car la cinéaste n’a pas les compétences techniques qui lui permettraient d’en tirer profit. Les scènes de foule, en particulier, sont extrêmement confuses et tombent à plat.
Le film tombe constamment dans la caricature. Le cocher de la diligence jette la valise de Becky dans la boue à son arrivée à Queen’s Crawley, apparemment parce qu’il faut montrer qu’une gouvernante n’a droit à aucun égard. Les Sedley, ruinés, habitent dans une sorte de remise ou d’étable. Becky, au moment d’emménager dans son bel appartement de Mayfair se roule sur un tapis, en pleine rue.
Pour finir, l’indianité de Mira Nair, revendiquée de façon militante, la conduit à des interventions discrétionnaires. La fête à Vauxhall du chapitre VI devient une fête orientale. La charade jouée par Becky au chapitre LI devient... une danse du ventre ! Et pour comble, la fin du roman est changée. Au lieu d’empoisonner Jos Sedley puis de finir ses jours, confite en dévotions, à Bath, Becky épouse Jos et part avec lui dans une Inde décrite comme une sorte de paradis terrestre, et opposée implicitement à l’Europe, lieu de tous les vices.
Plus que par la médiocrité du film, ou que par le mauvais goût qui s’y déploie, je suis gêné par son revanchisme de genre et son revanchisme ethnique.

31 mars. — Lu avec une vive curiosité Sons and Lovers de D. H. Lawrence. Il ya là bien des choses de ma propre vie que je reconnais : la mère déçue par le père, et qui finit par le mépriser ; le compromis domestique qui s’installe une fois qu’elle est déprise — et qui est permis précisément par le fait qu’elle est déprise ; la mère qui se console avec ses enfants et se surinvestit en eux, le fils aîné prenant à ses yeux la place du père ; la mère et les enfants ligués contre le père ; la mère hostile aux amours du fils cadet ; ce fils cadet maladroit dans ses amours, parce qu’il a, au fond de lui, peur de faire du mal aux femmes, comme son père a fait du mal à sa mère.
La différence entre mon histoire est celle de Lawrence, c’est que, dans mon cas, le lien avec la mère était « froid » ; il était purement négatif, et correspondait chez ma mère à une posture d’exigence ou de réclamation. Si je devais lui prêter des mots, ma mère pourrait dire : « Ton père m’a déçue ; tu es aussi coupable que lui puisque tu es un homme comme lui, mais toi, tu ne me décevras pas, parce que je ne te laisserai pas me décevoir » ; ou, plus simplement : « Tu ne m’échapperas pas. »

Lu Germinie Lacerteux des Goncourt. C’est superbement écrit mais c’est aussi, il faut bien le dire, d’une rare nigauderie. Le naturalisme des Goncourt recycle un modèle narratif qui est en réalité celui de la tragédie (le récit raconte la chute du protagoniste, chute due à un conflit avec une puissance supérieure et inexorable), en le transposant sur un représentant du peuple, ici une bonne, et en l’étayant sur des lubies de savant (l’hérédité, l’hystérie, la dissociation). D’autre part, en dépit de la crudité des descriptions, Germinie Lacerteux est absolument un roman de petits garçons. (Mais au fond, mon opposition n’est guère fondée : les petits garçons adorent raconter des horreurs.) Les frères Goncourt ont découvert que leur bonne payait des hommes pour coucher avec elle, qu’elle buvait et qu’elle les volait, et ils ont décidé de romancer son histoire. Tout cela n’est certes pas très reluisant. Cela n’a pas non plus le caractère de monstruosité que lui prêtent les Goncourt. On garde l’impression que si Germinie Lacerteux est la description d’un cas clinique et raconte une descente aux enfers, c’est essentiellement parce que ses auteurs ne peuvent se réconcilier avec le fait que leur bonne ait eu une vie sexuelle.

12 mai. — Je trouve ce passage dans le Journal de l’abbé Mugnier, en date du 18 juin 1891 : « [J.-K. Huysmans] trouve que les femmes chrétiennes sont mieux partagées que les hommes. Elles ont le “céleste Époux” tandis que la Sainte Vierge ne nous suffit pas. »
C’est d’une grande justesse d’observation. Le catholicisme, dans l’homme, s’adresse à l’enfant, au petit garçon, dans la femme, à l’amoureuse.

13 mai. — Le retour du fils prodigue. « Et naturellement vous m’avez servi du veau. Vous savez que je ne peux pas souffrir le veau. »

25 mai. — Dans le train qui me ramène de Paris, j’ai reconnu, assises côte à côte en face de leur mère, Artémise et Cunégonde, les filles Fenouillard. Nez pointu, petit menton, les même grands yeux, un peu en biais, au regard à la fois hardi (elles vous dévisagent sans aucune gêne) et médusé. Vêtues du même petit haut à bretelles. Elles ont mangé de concert leur sandwich. Puis la chaleur est tombée et elles ont passé l’une un pull, l’autre une veste. Elles ont, l’une après l’autre, sorti leur téléphone portable pour relever leurs messages et y répondre. Et pendant le reste du voyage, elles ont dormi puis elles se sont disputées.

26 mai. — J’achève avec une certaine perplexité The Mill on the Floss de George Eliot. La construction du roman est très insatisfaisante, l’auteur n’arrivant pas à traduire le conflit intérieur de son personnage sur le plan des événements, ce qui l’oblige à plaquer une fin artificielle et qui ne résout rien. Il y a des passages très faibles, en particulier ceux où l’auteur donne libre cours à sa tendance à philosopher. Mais il y a aussi de grandes beautés. La scène de la réconciliation de Lucy et de Maggie est profondément émouvante.
Le roman peut se lire comme un document sur la condition féminine à l’époque victorienne, dans un milieu middle class et provincial, cette condition étant régie par la triple injonction de résignation, de subordination aux hommes et d’enfermement dans la sphère domestique. Mais il n’y a pas de grande œuvre qui se résume à de la sociologie et le drame de Maggie Tulliver est d’abord celui d’une enfant passionnée et assoiffée de tendresse, follement admirative d’un frère qui est un rustaud et un tyran. C’est précisément ce qui rend le roman insatisfaisant, car le véritable sujet — l’amour que Maggie porte à son frère — reste au second plan, la ruine du père et les déboires sentimentaux de Maggie occupant le devant de la scène. Et ce sujet ainsi tenu à bout de bras, encore George Eliot ne le traite-t-elle qu’à contrecœur et en quelque sorte à contresens : elle insiste sur la tendresse et la résignation de Maggie, ne pouvant ou ne voulant nous montrer que Tom Tulliver est indigne de l’amour que lui porte sa sœur.
Tout le roman s’en trouve faussé. Philip Wakem a raison de dire à Maggie, lorsqu’elle lui confie sa résolution de vivre comme une nonne, que le renoncement est chez elle une sorte de monomanie, mais il se trompe — et l’auteur nous trompe — sur la nature de cette monomanie, qui relève d’un amour incestueux beaucoup plus que de l’ascétisme.
Mais après tout, ce gauchissement est peut-être la condition d’existence de l’œuvre. Ce que George Eliot a à nous dire était trop intime pour qu’elle pût le confier autrement que sous un déguisement romanesque (je veux dire sous le déguisement de péripéties romanesques).

20 juin. — Protestations et menaces de mort émanant des pays musulmans parce que l’écrivain Salman Rushdie, jadis condamné à mort par l’ayatollah Khomeini pour apostasie, a été élevé au rang de chevalier par sa Gracieuse Majesté. On ne peut s’empêcher de craindre une nouvelle campagne de saccage et de lynchage.

1er juillet. — Série d’attentats en Grande-Bretagne qui, par miracle, n’ont pas fait de victimes, mais qui constituent une spectaculaire démonstration de force des islamistes.
L’inadéquation des réactions politiques et diplomatiques des autorités britanniques (et des autorités européennes en général) aux provocations des rogue states islamistes me laisse interdit. Le parlement pakistanais a demandé à deux reprises que la couronne britannique revienne sur l’annoblissement de Salman Rushdie et présente des excuses au monde musulman. Le ministre pakistanais des affaires religieuses a appelé explicitement à des attentats suicides en Grande-Bretagne. Les discours des Pakistanais apparaissent donc à la lumière des tentatives d’attentats de cette semaine comme de véritables déclarations de guerre. Or la seule réaction des autorités britanniques a été d’exprimer diplomatiquement des regrets suite aux propos des politiciens pakistanais.
Nous nous montrons décidément, nous autres Européens, bien timorés, face à un adversaire qui se maintient, quant à lui, au comble de l’exaltation guerrière et de l’exaltation religieuse.

3 juillet. — Les attentats ratés en Grande-Bretagne sont le fait d’un gang de médecins musulmans de différentes origines, embedded dans des hôpitaux britanniques. Il est curieux de penser que ces gens soignaient des gens en semaine en passant leurs week-ends à réfléchir au meilleur moyen de les massacrer.
Le Herald Tribune rapporte que l’un des terroristes, le Jordanien Mohammed Asha, s’est enquis auprès de son agence immobilière si le quartier où il envisageait d’habiter à Newcastle-Under-Lyme, était « raciste ». Il aurait déclaré à son agent immobilier que sa femme, une islamiste voilée, aurait été en butte au « racisme » alors qu’elle résidait à Shrewsbury. On se demande quel sens un fanatique génocidaire donne au mot racisme. Il est peu probable qu’un Mohammed Asha se perçoive lui-même comme raciste, alors même qu’il cherche à détruire les Européens comme s’il s’agissait de vermine. Ce mot de racisme, peut-être qualifie-t-il dans son esprit une révolte de cette vermine et par conséquent une sorte de monde à l’envers : ces impies tout justes bon à être massacrés osaient jeter des regards noirs à sa femme, lorsqu’elle allait en niqab ou en burqa acheter un kilo d’oranges...

14 août. — Le pire défaut de notre société assurément est son incapacité à considérer une bête comme un individu. Même les égards que nous avons pour nos animaux familiers sont considérés comme une sorte de douce manie, d’indulgence, dont il est séant de s’excuser à demi-mot. Dame ! ce n’est pas comme s’il s’agissait d’enfants.
C’est oublier que tout animal — fût-ce la souris qui s’était installée dans mon placard et que j’ai piégée hier soir avant de la relâcher dans la nature — est un personnage. J’avais en me réveillant ce matin ce souvenir d’avoir frayé avec une bête, cet écho d’une communication entre espèces, et il m’a fallu un moment pour comprendre que je me souvenais de ma souris.

21 octobre. — Je ronge The Lord of the Rings de Tolkien en m’embêtant prodigieusement.
Je crois que ce qui me gêne fondamentalement est que l’imagerie, qui est à la base de toute fantasy, n’est pas visuellement cohérente chez Tolkien. Par exemple les trous des hobbits sont fondamentalement « faux » du point de vue imagier. Leurs portes rondes évoquent des portes de sous-marins, mais n’ont aucun des caractères que souhaite leur conférer l’auteur, référence à des terriers d’animaux, dépaysement d’un détail non mimétique.
On pourrait multiplier les exemples. Les propres dessins de Tolkien constituent à cet égard la meilleure critique de son entreprise romanesque : un observateur bienveillant serait peut-être tenté de les qualifier de prismatiques.
La deuxième limite de l’œuvre est le choix narratologique de donner un substitut au mode narratif du conte ou du romance médiéval sous la forme de la scène romanesque. Dans La Morte Darthur de Mallory, par exemple, les déplacements sont instantanés, les conversations sont résumées, ou ramenées à leurs répliques essentielles, les actions sont indiquées, mais elles ne sont pas restituées de façon mimétique. Tolkien, au contraire, déroule la scène devant le lecteur, à l’aide d’indications telles que « Silence fell again » ou « Boromir looked at them doubtfully, but he bowed his head ». Il livre les conversations in extenso, et décrit les déplacements par le menu, y compris l’ordre de marche et la reconstitution synesthésique des inconforts de l’expédition. C’est ce qui explique le défaut le plus évident de The Lord of the Rings, qui est son hypertrophie. Le roman fait penser à ces sarcophages coptes, dont les têtes sont devenues monstrueuses, parce que le mort est muni d’un masque en carton aux dimensions prodigieuses.
Il est curieux que Tolkien semble conscient du problème sur le plan théorique, puisque dans son célèbre essai sur la « faery », il note que le mythe et le drame (au sens théatral) sont incompatibles. Mais il n’en a pas tiré les conséquences sur le plan narratologique, puisqu'il recourt à la scène romanesque, qui relève du drame, le romancier faisant parler et bouger les personnages « sous nos yeux ».
Je passe sur les défauts du romancier. Tolkien est mal à l’aise dans les scènes d’action. Il est incapable de brosser un personnage, et ses protagonistes ne sont guère plus qu’un nom assorti des caractéristiques de son espèce, hobbit, nain, elfe, etc.
La mythopoeia de Tolkien repose sur la fabrication d’un monde fictionnel complet et cohérent, ce qui le conduit à mettre au point en détail l’histoire, la géographie, les langues, les mythes et même la météorologie de son monde imaginaire. Mais cet effort mythopoétique ne corrige pas les défauts de The Lord of the Rings, qui, encore une fois, sont d’ordre iconique et narratologique.

4 novembre. — C’est une caractéristique des esprits médiocres qu’ils ne peuvent se détacher d’eux-mêmes, et dire : je ne crois plus à ceci, je n’écrirais plus cela aujourd’hui, je me trompais sur tel point parce que je n’avais pas entrepris telle étude. Ils tâchent leur vie durant, de consolider leurs positions et on les trouve dans leur maturité cherchant par des arguments spécieux à justifier une position qu’ils avaient prise par hasard ou par ignorance, vingt ans plus tôt.

2 décembre. — Je ne sais plus si j’ai déjà noté cela dans ce journal : si je devais proposer une amélioration de la race féline, ce ne serait pas du tout de donner aux chats la parole, mais de leur conférer la faculté de faire de la musique. Mes compagnons à fourrure resteraient absolument ce qu’ils sont, mais, de temps à autres, l’un sortirait un minuscule violon, l’autre tirerait vers le milieu de la pièce un minuscule piano et ils se mettraient à jouer des duos.

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