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Le Fanzine de Manuel Hirtz


Iles flottantes


Esquisse d'une chrono-bibliographie


L'île artificielle a bien failli devenir une réalité. En 1798, le citoyen Leblanc propose au Directoire un projet d'île mouvante pour envahir l'Angleterre. Il s'agissait d'un énorme radeau, propulsé par des moulins à vents actionnés par des roues à aube, qui devait transporter, en sus de forteresses hérissées de canons, d'innombrables soldats et des hordes de cavaliers.

Dans les années 1920, il y a eu de nombreux projets d'île flottante comme escales pour les raids transocéaniques. Dans un article pour la Schweitzer Illustrierte Zeitung d'août 1928, "les îles flottantes pour le service aérien Europe-Amérique", l'ingénieur viennois Gunter Bandat promet à ses lecteurs suisses la première île flottante opérationnelle pour 1930.

Enfin, on trouve dans l'Illustrated London News du 2 mars 1946, le projet Habbakuk. Un porte-avions, conçu en 1942 jaugeant deux millions de tonnes, long de 600 m., avec un creux de 60 m. et des parois épaisses de 12 m. Mais en glace: un mélange de glace et de pâte de bois (pykrete) permettant la construction rapide dans les mers froides. La propulsion devait se faire comme pour un dirigeable, par moteurs logés dans de petites nacelles accrochées sur les flancs. Cette base flottante devait servir à la protection des convois vers Murmansk. Projet vital à l'automne 1942. Mais les succès de la lutte anti-sous-marine de l'été rendirent le géant inutile. Il est évident que tout cela dut impressionner et influencer bien des auteurs.

 

1881. La Jangada, de Jules Verne.

 

Il s'agit d'un gigantesque radeau destiné à parcourir 800 lieues sur l'Amazone.

Radeau sur lequel a été installée une maison de maître bourgeoisement meublée, avec véranda et jardin, des baraquements destinés au logement des indiens et des noirs, des magasins remplis jusqu'à la gorge, une chapelle et un presbytère.

Une île flottante artificielle "primitive" en quelque sorte.

 

1882. Le 20è Siècle, de A. Robida.

 

L'île factice 124, ronde, métallique, 30 mètres de diamètre, deux pieds de terre permettant de cultiver des légumes, deux maisons en carton pâte. (Les îles impaire ont 50 mètres de diamètre) rompt ses amarres et navigue à la voile.

Le concept d'île artificielle flottante est né. On pourra bien sûr améliorer le modèle et les auteurs venant après Robida ne vont pas s'en priver, mais potentiellement, tout est déjà là.

 

1883. Ignis, de Didier de Chousy.

 

Une fois de plus, l'incontournable chef-d'œuvre de Didier de Chousy.

"Il s'agissait, par un travail de mine dont M. l'ingénieur Hatchitt avait donné les plans, de détacher l'Angleterre de son pivot terrestre, d'en faire une île flottante et libre, comme ces îles du lac Supérieur au Canada, qui, pendant une tourmente, se séparèrent de Rice's Point et vinrent, poussées par le vent, aborder au Winsconsin.

Cette opération préalable accomplie, la Grande-Bretagne levait l'ancre et disait adieu à l'hémisphère qui l'a vue naître. Ses vaisseaux cuirassés, ses steamers et les chevaux-vapeur qui se meuvent dans leurs flancs, ses voiliers aux ailes rapides, lui donnaient la remorque, et la royale amphytrite, guidant leur troupe docile, s'avançait par les mers. Elle faisait route au nord, l'Ecosse en avant, le cap Lizard au gouvernail, franchissait par d'habiles manœuvres les passes de la mer du Nord, puis, virant sur bâbord ente l'Irlande et l'Islande, elle s'engageait dans l'Atlantique.

Cherchant les grands espaces et les eaux profondes nécessaires à son tirant d'au, elle passait au large en vue des côtes de France, qui envoyaient de tristes adieux à cette vieille voisine, amie fidèle dans les jours heureux. Elle longeait l'Espagne et la côte d'Afrique, se laissant porter sur les bras du Gulf-stream qui coule des Açores au Cap-Vert, rasant, sous petite vapeur, les Canaries qu'eût pu noyer le remous de son sillage, surveillant par tribord la mer des Sargasses, cette prairie-poulpe aux tentacules de fucus et d'algues.

On conçoit combien était délicate la conduite d'un vaisseau tel que l'Angleterre, mesurant 700 kilomètres de l'étrave à l'étambot, et 300 au maître-couple. Aussi les plus grandes précautions étaient prises. Nuit et jour, le premier lord de l'Amirauté faisait le quart sur le sommet de la chaîne des monts Grampians, passerelle de ce navire. C'est là qu'il commandait les remorqueurs, au moyen de fils électriques assemblés dans ses mains comme un faisceau de rênes qui guide des coursiers."

 

1895. L'île à hélice, de Jules Verne.

 

L'île artificielle flottante entièrement au point, construite par l'adjonction de caissons qui supportent une véritable ville.

 

1928. A modern Atlantis, de F. Arthur Hodge.

 

Un énorme aéroport flottant au milieu de l'Atlantique se bat seul contre les armées de terre et de l'air de l'Alliance Européenne.

 

1929. L'île d'acier, du colonel Royet.

Tallandier Vg es Lo n. 29

 

1929 L'île engloutie de Maurice Champagne.

Arthème Fayard "l'aventure" n. 6.

 

Ici, le méchant s'appelle docteur Soudraka. Il recherche des êtres sains, dégoûtés de la vie, pour en faire ses sujets d'expériences scientifiques et possède une île mouvante fabriquée de toutes pièces, le "refuge mystérieux".

Mais les gentils ont à leur disposition une "auto sous-marine" qui leur fera bien de l'usage.

 

1930. F P 1 antwortet nicht, de Kurt Siodmak.

 

1930. Belzébuth, de Jean de la hire.

L'île de l'épouvante, de Jean de la hire.

Le livre populaire, Arthème Fayard.

 

L'ignoble Hugues Mézarek, le fils de Léonid Zattan et de Titania la princesse rouge, s'endort, destination l'an 2100, en emportant avec lui la femme et le fils de Léo Saint-Clair, le "Nyctalope", grâce à un sérum provoquant une catalepsie artificielle.

Le "Nyctalope" accompagné de Gnô Mittang et de ses fidèles gardes du corps Vitto et Soca, suivent Mézarek dans le futur, grâce à la même méthode.

En 2100, le monde se partage en deux blocs qui se livrent une impitoyable guerre économique.

"Messieurs les anciens hommes, le monde a bien changé depuis 1928. Il est toujours partagé en nations, mais élargies et par conséquent moins nombreuses. C'est la différence des langues qui trace la frontière. D'autre part, il n'y a plus de nationalités ennemies et il n'y a plus de partis politiques. La guerre destructive est devenue impossible depuis que n'importe quelle usine de produits chimiques peut fabriquer avec une extrême facilité des gaz ou des bacilles qui, répandus ou lâchés, ne fût-ce qu'en une infinitésimale quantité, causeraient la mort de centaines de milliers d'hommes. Les Etats sont très décentralisés. Toutes les grandes villes sont administrativement autonomes.

Les impôts généraux, nationaux, sont extrêmement réduits, remplacés pour la plupart par et très équitablement par des impôts provinciaux et municipaux. Il n'y a nulle part d'armée nationale, ni permanente en activité, ni de réserve. Les seules forces armées sont des forces de police, les unes appartenant à l'Etat, les autres aux grandes compagnies qui se partagent, organisent, disciplinent et font fructifier toutes les formes de l'activité humaine, soit dans le cadre d'un continent, soit même dans le cadre universel.

Et la guerre économique a remplacé les guerres destructives. Les vaincus de cette guerre de tous les jours ne sont pas physiquement blessés ou mis à mort; ils tombent sous la dépendance économique et sociale du vainqueur."

Deux sociétés de journalisme, de propagande et de publicité, l'Universel et le Mondial, dominent ce monde nouveau. Sociétés désormais dirigées par Saint-Clair et Mézarek selon le célèbre principe exposé par H. G. Wells dans "quand le dormeur s'éveillera". Leurs "centrales d'énergie" sont des îles flottantes, la Gorgone et la Stella.

"La Gorgone est une île artificielle de forme circulaire de mille mètres de diamètre. Elle est à la fois une très puissante usine de captation et de diffusion thermoélectrique, un port d'abri, de réparation et de ravitaillement pour les trois formes actuelles de la navigation, aérienne, marine et sous-marine, une vaste maison d'habitation pour Mézarek et son état-major, enfin un immense casernement réservé aux divers services centraux de la Mondiale."

La Gorgone et la Stella sont, de plus, submersibles et fonctionnent à l'énergie solaire et à l'énergie des marées comme presque tout au 21è siècle.

Le combat titanesque entre Saint-Clair, "l'amour et le bien resplendissant de lumière" et Mézarek, "la haine et le mal environnés de ténèbres" peut commencer.

Qui a goûté aux romans de Jean de la hire et surtout aux aventures de Léo Saint-Clair, le "Nyctalope", sommet du roman feuilleton manichéen, est condamné à la longue et difficile recherche des volumes qui lui manquent.

Le "Nyctalope" est d'abord un héros par imprécation dont La hire ne cesse de nous répéter les vertus, "l'homme au divin attribut", "le mâle messianique", "l'homme toujours maître de soi, capable de lucidité totale et de décision immédiate, réaliste, pratique, logiquement investigateur et actif, surtout quand les circonstances, dangereuses ou non, étaient exorbitantes".

Chez Jean de la Hire, tirer à la ligne devient presque un art. Au début du roman, Saint-Clair entend un hurlement dans la chambre de sa femme et l'auteur prend dix-huit lignes pour nous décrire le "Nyctalope" se précipitant sur la porte et découvrant que celle-ci est fermée à clé. Ainsi, l'action est d'autant plus trépidante que le temps s'étire et ralentit. Ou, si l'on préfère, le roman devient un temps suspendu où s'agitent les personnages.

Autant de dispositifs qui placent le lecteur dans un état presque hypnotique.

L'hypnose est d'ailleurs un des thèmes centraux de l'œuvre de Jean de la Hire.

 

1930. L'île de Satan, d'André Mad.

 

Un des meilleurs romans de cet attachant petit maître du roman populaire qu'était Max-André Dazergues/André Mad.

on y trouve un savant qui possède une île flottante submersible dans le Pacifique et dont la fille charme les monstres marins en leur jouant du violon.

 

1932. L'invention de l'oncle Pamphile, de Marcel Jeanjean.

 

Au 24è siècle, sur les mers, des îles flottantes en forme d'étoile, où l'on produit de l'électricité en utilisant l'énergie thermique des mers, selon le procédé de Georges Claude. Electricité qui permet le téléguidage des engins volants.

Mais vraiment 'passim", dix lignes au total, nous écrit Jacques Van Herp.

 

1933. L'île d'acier, de René Louys.

in guignol, n. 270.

 

Une île flottante transatlantique pour 8 pages d'histoire en image maladroitement dessinées et au scénario bien convenu.

 

1934. Le secret de l'île d'acier, de G. Toudouze.

 

1935. L'empire des algues, de Jean d'Agraives.

 

L'empire des algues (deux tomes chez Arthème Fayard: 1. L'avion perdu. 2. La mer en flammes) met en scène une chimiste française Yvonne Dahüen qui, cherchant à lutter contre un virus mortel pour les algues, découvre "l'algol", carburant très économique. Les allemands et les japonais alliés l'enlèvent et la contraignent à travailler dans leurs usines flottantes de la mer des sargasses. A deux doigts de la guerre, elle découvre un virus qui détruit radicalement la mer des sargasses.

Un bon roman d'anticipation qui intéressera aussi les amateurs d'espionnage.

 

1935. Zig et Puce au XXIè siècle, d'Alain Saint-Ogan.

 

L'île artificielle n. 51. Comme le dit Zig: "c'est merveilleux cette île artificielle en plein océan!.. tu ne trouves pas, Puce?"

 

1936. Aux tréfonds du mystère, de John Flanders.

Presto Films n. 103.

 

Le formidable secret du pôle, de John Flanders

Presto Films n. 112

 

"Et quand les derniers hommes de Thulé virent leurs dernières terres livrées à la désolation finale, ils construisirent une nef invraisemblable, une arche monstrueuse, celle où nous sommes à ce moment!

Une arche, je dis bien, mais comme elle ressemblait peu à celle qui servit à Noé pour sauver la vie de la terre! Une arche qui devait enclore tout la science de Thulé, et surtout ses territoires et païennes conquêtes!"

"Au cours des siècles, la nef fantastique où se réfugiait la dernière civilisation de Thulé, vogua sous les eaux, dans une direction sempiternelle: les Hébrides, l'île où nous sommes, le Groenland. Cet itinéraire est immuable, je le sais et je n'ai jamais rien pu y modifier. En ces trois escales, elle émergeait parfois automatiquement, pas complètement pourtant aux Hébrides où , pas un énorme couloir souterrain, elle accédait à un petit lac intérieur."

En l'an Mil, l'arche est prise en charge par saint Brandan. Elle est ici découverte une dernière fois avant d'être détruite.

Le Jean Ray pour la jeunesse, celui des publications de l'Abbaye d'Averbode. La partie mineure de l'œuvre de cet auteur que nous chérissons entre tous. Œuvres mineures, mais d'une lecture oh combien plaisante.

Si, avec une belle honnêteté, John Flanders fit son travail de propagande pour l'Eglise Catholique en truffant ses écrits de curés de choc (particulièrement réussi est le Father Martin dans "les feux follets de Satan"), par ailleurs...

Que les bons pères aient laissé passer des textes comme "l'énigme mexicaine" ou ce "formidable secret du pôle", laisse pantois.

Encore qu'on puisse les lire aussi comme une forme moderne de merveilleux chrétien.

"Le formidable secret du pôle" a été adapté et augmenté par Michel Jansen/Jacques Van Herp sous le titre "la porte sous les eaux" (S. P. E. S. 1960).

Le texte de Jean Ray a été réédité dans 'le carrousel des maléfices" 'Marabout, 1964). Celui de Michel Jansen dans 'le secret des Sargasses" (Union générale d'éditions 1975).

Sur les Presto Films, on lira le dossier de Claude Deméocq dans "le petit détective" n. 7.

Sur l'odyssée de Saint Brandan, on lira "les pays légendaires" (P.U.F. Que sais-je? n. 226) de René Thévenin.

 

1937. L'île ressuscitée, de A. Rodier.

 

1937.. I. F. 2. DE René Tailhard.

Le petit roman d'aventures n. 99.

 

Reprise de F.P.I. ne répond plus.

 

1939. Les gangsters de l'air, de josé Moselli.

 

1940. robotville, la mystérieuse cité, de Lucien Bornet.

in Robinson n. 196 ç 225.

en volume: Robots sous-marins (1953) éditions le trotteur, collection grands romans Sciences-anticipation.

"Eh bien, cette montagne sous-marine, qui a environ huit kilomètres de hauteur, est creuse, ou peu s'en faut, et c'est là qu'est Robotville, la mystérieuse cité.

La plate-forme sur laquelle nous nous trouvons ressemble à un gigantesque champignon dont la base serait fixée au sommet de la montagne sous-marine, le haut effleurant la mer. Cette île artificielle n'est d'ailleurs pas fixe; si à cinquante kilomètres à la ronde, les appareils enregistreurs, extrêmement sensibles qui se trouvent placés ici, décèlent la présence d'un navire, immédiatement la plate-forme s'enfonce de cinquante mètres dans la mer. Ceci afin d'éviter les investigations indiscrètes de certains commandants de vaisseaux.

Par ailleurs, le corps de ce champignon abrite un ascenseur, d'une puissance énorme, par lequel les marchandises fabriquées à Robotville sont amenées sur la plate-forme, où nos propres navires viennent charger.

-C'est merveilleux, dit Henri Demours.

-voyez-vous, mon jeune ami, cette plate-forme est en réalité le point de départ de Robotville. Le Maître avait voulu primitivement réaliser une ville métallique flottante ou sous-marine à volonté, et il réalisa ceci.

Alors que cette plate-forme qui constituait un essai de dimensions réduites fonctionnait, il découvrit le fond de trois cent dix mètres et la montagne sous-marine. Il arriva qu'après exploration de cette immense termitière, le Maître estima que sa cité serait plus en sécurité encore au fond de la mer, et il commença son œuvre gigantesque."

De l'île artificielle à la cité sous-marine.

Cité sous-marine où le Maître greffe des cerveaux humains sur des corps de robots.

un roman pour la jeunesse, naïf et maladroit par le futur scénariste de "Satanax, le superhomme d'une heure".

 

1941. Le professeur Globule contre le docteur Virus, par Erik.

in Gavroche n. 12 à 66

Réédité dans Hop n. 37 à 42.

 

Erik avant Cœurs Vaillants et l'Intrépide.

 

1941. L'île à pédale, d'Henri Suquet.

collection Héros d'aventures éd. A.B.C.

 

Jacques Perdu, passager clandestin, après l'incendie du cargo où il avait trouvé place, se retrouve dans une immense caisse, en compagnie d'un fou.

"Jacques Perdu, oubliant chaleur, brûlures, détresse, avait en vingt heures d'un labeur acharné, conçu l'effarante machine qui, maintenant, à la force de ses bras, labourait le flot (...)

De chaque côté de sa caisse, il avait, tordant des tubes de fer, et les fixant sur les parois de bois, constitué des supports de roues de propulsion. Celles-ci (...) étaient fournies par les vieux vélos. Sur elles, il avait fixé des planches, grossièrement taillées, formant aubes. Et le tout tenait grâce à un enchevêtrement extravagant de fil de cuivre.

La force venait par des chaînes, depuis les pédaliers (...)

Arc-bouté, nu sous la chaleur montante, Jacques Perdu tournait comme un forçat ses poignées de galère."

L'île artificielle flottante, réduite à sa plus simple expression. Celle d'un bricolage réalisé par un futur participant au concours Lépine. Dans Zig, Puce et Alfred, d'Alain Saint-Ogan, il y a une machine semblable à celle d'Henri Suquet, créée à partir d'un bac et propulsée par le cheval Marcel qui tourne en rond. (Zig et Puce, éd. Stock, p. 90).

Plus simple encore: le "King Bibi" construit avec un baquet à lessive, une vieille bicyclette, des planches et un manche à balais dans "Bibi Fricotin sur le Black bird".

 

1946. Fabrique d'homme, de Jean Bucline.

éditions Ariane.

 

1946. L'île à la dérive, de Paul-Louis Hervier.

éditions de Marly-librairie Plon

illustrations de André Galland

 

"Vous voilà donc en villégiature à Allegra, l'île enchantée, créée de toutes pièces par le génie des hommes. Vous savez qu'on a trouvé, au large du Sénégal, au delà des îles du Cap-Vert qui appartiennent au Portugal, quelques îlots déserts que la France réclame pour y construire des phares et y aménager des dépôts; Nous avons demandé et obtenu l'autorisation de disposer à notre convenance d'un bloc de rochers. Je ne vous ferai pas un cours sur la construction de notre île magnifique. Les journaux ont dit à ce sujet tout ce qu'il y avait à dire et ceux que la question intéresse trouveront à mon secrétariat le catalogue technique rédigé par l'ingénieur Tordillon ainsi que les rapports les plus précis sur cette réalisation française qui a étonné le monde."

(...) "Nous sommes donc sur une île artificielle; Des caissons spécialement établis pour cette tentative hardie ont été amarrés à des rochers d'une dimension réduite mais suffisante. Les calculs les plus minutieux ont permis de préparer une superficie capable de contenir les commodités et les attractions d'une station balnéaire de grand luxe et d'une salubrité exceptionnelle. Après des essais concluants, la société a, dans un temps record, achevé son œuvre.

Sur les caissons, des constructions de fer, à l'épreuve des incendies, ont été édifiées, des jardins ont été dessinés, des terrains de jeux ont été prévus dans des sites d'un pittoresque inégalable. C'est cela que vous êtes venus voir, en demandant par surcroît à notre bon air un repos salutaire..."

(...) "A onze heures et demi du matin, pendant un ouragan d'une force inouïe qui s'est abattu sur l'île, la partie nord d'Allegra où se trouve situé notamment notre jardin Zoologique s'est détachée et nous croyons qu'elle a été entraînée par des courants. Par ailleurs, les diverses organisations d'Allegra ont grandement souffert. Il est impossible à l'heure actuelle de préciser le nombre de personnes qui pouvaient se trouver, au moment du sinistre, sur cette partie de l'île."

Quatre personnes se trouvaient sur cette partie de l'île d'Allegra. Ils sont partis pour bien des aventures.

"L'île à la dérive", roman pour la jeunesse, est un robinsonnade assez enlevée.

 

1956. L'île artificielle, de Jean Lombard et Bob Legay.

BD in Ardan b. 53.

 

1964. Robotto uchutei no maki, de Osamu Tezuka.

 

En français cela donne "le vaisseau spatial robot" et c'est une aventure de Tetsuwan Atomu (Astro Boy- Astro le petit robot) créé en 1951 et que l'auteur dessinera jusqu'en 1968.

Je suis bien sûr que l'on peut trouver d'autres îles artificielles dans l'œuvre de Tezuka, tant celle-ci regorge d'inventions mirobolantes. Les milliers de pages de Tetsuwan Atomu (qui n'est qu'une partie d'une œuvre qui comptabilise plusieurs dizaines de milliers de pages) est, entre autre, un véritable catalogue de tout ce qui peut s'imaginer en matière de robots.

Le Tezuka auteur de BD d'aventures humoristiques est de la race des Jacovitti, Bottaro et Gottfredson auxquels il nous fait souvent penser. Il partage avec eux cette fécondité, cette fraîcheur, cette capacité d'invention et cette générosité de cœur qui font les grands auteurs populaires.

 

1964. La sinistre madame Atomos.

Angoisse, fleuve noir, n. 109.

 

Madame Atomos est une physicienne japonaise qui a perdu sa famille dans le bombardement de Nagasaki.

Elle a décidé de détruire l'Amérique après y avoir fait régner la terreur. Elle dispose pour cela d'un armement parfaitement ahurissant, dont une île artificielle où un "cerveau électronique" dirige ses milliers de robots humains.

La "cité Atomos" est détruite dans "l'erreur de madame Atomos", une catastrophe qui marque le début du lent effritement de sa puissance. Dans les derniers volumes de la série, elle se bat quasiment seule contre l'Amérique.

Même s'ils sont écrits à la godille, les 17 volumes des aventures de madame Atomos valent la peine d'être lus par qui aime les délires feuilletonesques.

La série a été adaptée en bandes dessinées aux éditions Aredit de 1968 à 1974 dans les 24 premiers numéros du "comic pocket" Atomos.

 

1981. Les dirigeables de l'Amazone, de René Durand et Patrice Sanahujas,

tome 2. la course aérostière.

BD éd. Glénat.

 

Un hommage à Jules Verne et à Michel Jeury où l'on trouve un cuirassé se transformant en verdoyante île flottante.

 

Bob Flash


Correspondance

 

 

• Marc Madouraud, éminent collaborateur du Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de fantastique, nous a apporté de nombreuses informations propres à compléter nos chrono-bibliographies, sur les machines météorologiques mais aussi les îles flottantes et îles aériennes. Je cède donc la parole à M. Madouraud.

 

• A propos de Maurice Champagne: tout a d'abord commencé avec Le Refuge mystérieux (in L'Aventure, en 1927/28), puis chez Tallandier en Voyages Lointains, où est présentée la fameuse île flottante et ses savants utilisant des désespérés comme cobayes; dès 1929, la saga s'enrichit avec L'Ile engloutie (Fayard, L'Aventure, 1929), où l'on retrouve l'île et ses survivants, grâce à la randonnée en auto sous-marine des nouveaux héros. La notule que vous y avez consacré me paraît donc erronnée. Notez qu'il y a une assez grande disparité de style entre les deux romans; l'un est cruel et apathique, l'autre se tourne plus volontiers vers l'aventure à rebondissements.

• Ne croyez pas vous en tirer sans un autre Maurice Limat: eh oui, L'Ile fantôme (Ferenczi, Voyages et aventures, n. 260, 1938) traite encore d'une île flottante, inventée en secret, par un savant génial, dans une base souterraine communiquant avec la mer.

• Force nous est de constater qu'il y eut une énorme vogue (voire même vague) des îles flottantes entre les deux guerres, et les collections populaires regorgent d'exemples.

• Relevons d'abord les chaînes d'îles flottantes servant d'aéroport aux navires transocéaniques: Fricasson en sous-marin (Dans Les Aventures de Fricasson, Union Latines D'Editions, 1925) de Marcel Jeanjean; Les Flibustiers de l'air de Maurice Limat (Ferenczi, Voyages et aventures, n. 225, 1937; Hydroscale 13, de Norbert Sevestre (in Pierrot, première série, n. 34 à 48, du 21 août au 27 novembre 1938), etc... sans oublier Forces obscures de Jacques Terment (Les Oeuvres représentatives, 1933) où la construction d'une telle chaîne est citée.

• Puis il y a les îles isolées, privées et souvient ignorées du commun des mortels; ainsi Le Mystère de l'Atlantique, de Max-André Dazergues (Ferenczi, Livre de l'aventure, n. 1, 1929) cache, dans son île, celle qu'on imagine être Anastasia, survivante miraculée du massacre de la famille du Tzar. Ou, encore, Perdus en mer de H. de Graffigny (Editions modernes, Collection d'aventures, n. 504, s. d.) met en scène une base allemande militaire prête à tout pour la revanche. Dans le même style, une histoire en images, Le Robinson errant, de S. Pania (in La Jeunesse illustrée, n. 1387, 4 mai 1930), montrait son héros découvrant une île hyper-sophistiquée abandonnée par les allemands après-guerre (elle était conçue pour bombarder New-York et couler la flotte U.S.).

• Par contre, j'avoue ne rien savoir de L'Ile mécanique, de Pierre Adam, fascicule inclus dans une série (Collection d'aventures, Offenstadt) [voir Le Rayon SF pour des références plus précises].

• Enfin, la visite ne serait pas complète si je ne citais pas d'autres îles artificielles, certes, mais immobiles: Sur L'Abîme (in La Science illustrée, n. 836 à 861, du 5 décembre 1903 au 28 mai 1904), alias, remanié, Enigme dans l'espace (Editions de la France automobile et aérienne, 1909), alias Le Roi de l'espace (Maison du livre moderne, vers 1913), alias, Vers Le Bonheur (S.E.T., Les Meilleurs Romans populaires, n. 67, 1930), de Louis Gastine, et L'Ile de Tulipatan de P. Couteaud (Nathan, Aventures et voyages, 1929), qui décrivent des créations humaines (le premier titre, par immersion d'une multitude de caissons, le second, par développement corallien).

• N'oublions pas la BD: je me souviens de L'Ile à éclipse de G. Bourdin (Gordinne, s. d.), mais aussi, bien plus récemment, du superbe Captain Hard - L'Empire Gilgamesh, de Walter Fahrer (Dargaud, 1989), bon exemple de SF rétro, où une mégalomane criminelle ambitionne de détruire l'humanité et de transformer son île flottante en arche pour sauver une race d'élus.

 

M.M.

 

M. Eric Blasto nous signale, quant à lui, Théo Varlet, Le Roc d'or (rééd. Le Serpent à Plumes, 1998).

 

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