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annales des Munsey Magazines et des pulp magazines

Ray Cummings, The Girl in the Golden Atom (The All-Story, 1919), People of the Atom (The All-Story, 1920)


La nouvelle The Girl in the Golden Atom de Ray Cummings (parue dans All-Story, 15 mars 1919) et sa suite, le roman People of the Golden Atom (All-Story, 24 janvier-28 février 1920), constituent une fantaisie scientifique dans le style de Wells, dont le thème est la descente dans le microcosme. Dans la nouvelle, le personnage du Chimiste, qui est tombé amoureux d’une jeune femme vivant dans un micromonde à la surface d’une alliance en or, qu’il a vue dans son microscope, invente une poudre rapetissante et visite l’univers de sa belle, puis il revient pour raconter l’aventure à ses amis du Scientific Club, le Très Jeune Homme, le Docteur, le Grand Homme d’Affaires. Dans le roman qui fait suite, les amis du Chimiste le rejoignent dans le micromonde (à l’exception du Banquier, qui reste dans le monde macroscopique pour garder l’anneau), et le lecteur suit cette fois par le menu le processus du changement de taille.
Contrairement à ce que pourraient faire penser les titres, et à ce qu’on a parfois écrit, la fable ne repose pas sur la théorie que les atomes seraient des systèmes solaires en miniature. Il est du reste très difficile de comprendre ce que Cummings entend par atomes et quel est l’atome d’or dont il est question dans son titre. L’atome désigne semble-t-il dans l’esprit de Cummings la materia prima de l’anneau, cette matière changeant de nature au niveau microcosmique, et l’or se présentant à cette échelle comme une sorte de marbre, de substance vitreuse. D’autre part — mais ce n’est pas clair du tout — cette materia prima n’est pas amorphe, mais elle entre dans une structure qui est à la fois granulaire et alvéolaire. Tous les atomes sont apparemment contigus, puisqu’à aucun moment les explorateurs ne décèlent dans la nature de structure discrète, et l’atome dans lequel on pénètre présente la structure d’une terre creuse. Les Oroïdes vivent en effet sur la face concave d’une sphère, qui communique avec la surface de l’anneau d’or par des cavernes.
Bien que le monde microcosmique des Oroïdes soit l’intérieur d’une sphère, ils disposent d’un ciel normal, leur univers contenant des étoiles, naturellement minuscules, et il est suggéré que ces minuscules corps célestes pourraient eux-mêmes abriter des habitants mégamicroscopiques.
Cummings bâcle et ne se relit pas, comme en témoignent les deux passages suivants, situés à une colonne d’intervalle :

« The ground underfoot and the rocks themselves had been steadily changing. It had lost by this time almost entirely is yellowish, metal look, and seemed to have more the quality of a gray opaque glass, or marble. »

« This plane seemed distinctly of a different substance than anything they had hitherto encountered. It was, as the Chemist had described it, apparently like a smooth black marble. »

De plus, l’auteur réfléchit tout en écrivant et la conséquence est que ses personnages sont idiots. Pour économiser les vivres, les voyageurs imaginent de confier les réserves de nourriture à l’un d’eux qui ne rapetisserait pas, les deux autres se miniaturisant, de façon à pouvoir se nourrir d’une miette. Il leur faut un moment pour se rendre compte qu’il est encore plus simple de poser les provisions à terre et de rapetisser tous les trois.
On est frappé de la proximité des motifs du nanisme et du gigantisme avec les littératures graphiques. On pense naturellement au Little Nemo de Winsor McCay, et il n’est pas impossible que Cummings en ait un souvenir vague en écrivant. Ceci incline à faire l’hypothèse qu’il existe une iconographie américaine du merveilleux, qui passe par tous les médias, la bande dessinée, la littérature enfantine, le cinéma, l’animation, les pulps magazines et leurs illustrations, etc.

Harry Morgan

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