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Gertie

U.S.; réal.: Gideon Wallabee

 

Embauchée comme sujet d'expérience dans un laboratoire de psychologie en même temps qu'un tas d'étudiants de première année, Gertie attire la sympathie de tout le monde par sa gentillesse, sa simplicité et ses petites oreilles roses et se voit offrir la chance de passer de l'autre côté du rétroprojecteur. Elle fait un DEUG de psycho puis pousse jusqu'à la maîtrise avant de s'inscrire en DEA et, pour finir, en thèse. Gertie rencontrera en chemin un premier amour rendu impossible par les préjugés, des difficultés d'ordre pratique dues à sa taille très réduite et à la jalousie d'un rival qui, au moment où elle commence à asseoir sa position d'universitaire, ira jusqu'à lui saboter sa communication dans un colloque en lâchant un chat dans l'amphithéâtre. Dans la dernière scène, Gertie soutient brillamment sa thèse, mais le spectateur sait à ce moment-là de quelle terrible solitude elle paie ce succès professionnel.

Les premiers plans du film laissent présager le pire (Gertie cavale dans son labyrinthe pendant que défile le générique) et on s'attend à voir un remake de Charlie, l'histoire de l'idiot qu'une opération rend intelligent. Heureusement, le réalisateur Gideon Wallabee évite autant que possible le mélo en tirant plutôt son film vers la comédie douce-amère, insistant sur les démêlés de Gertie avec les femmes de ménage, la médiathèque (personne ne veut croire qu'elle vient simplement consulter les ouvrages) et le chat du labo. On évite donc le ton larmoyant et les effets faciles, au prix, il est vrai, d'une philosophie vaguement alarmante que résume cette réflexion de Gertie: "Bah! ça ne peut pas aller mal tous les jours!"

Wallabee se laisse aller dans la dernière séquence (la caméra défile, selon la pure réthorique hollywoodienne, sur les visages des hommes qui ont eu une importance dans la vie de Gertie, au bras de leur femme, maîtresse, fille ou mère, pendant que Gertie soutient sa thèse en voix-off, de façon à laisser découvrir au spectateur que chacun de ces hommes s'est éloigné d'elle et qu'elle est seule). Mais le reste du film manifeste tant de crânerie qu'on s'autorise quelques larmes sans trop avoir l'impression qu'on nous prend en traître.

 

Dents dehors

France; réal.: Martin Carnassier

 

Premier film virtuose d'un futur génie du cinéma français.

Matthieu (Jean-Jérôme Carbonax) a vingt ans. Ses (riches) parents sont séparés et il épie avec une délectation morose les premiers ébats érotiques de sa petite soeur (Niepce Valoche) avec un peintre plus âgé qu'elle (Paul Brochette). De révolte en névrose, le jeune homme finit par abandonner ses études aux Beaux Arts et par chercher refuge dans le sud de la France, où vit sa tante.

Carnassier nous raconte une histoire intimiste, c'est à dire, selon sa propre définition, une histoire qui n'intéresse que lui. Certaines des audaces du jeune génie semblent dangereusement proches de la faute de goût. Par exemple, la scène où la tante ancestrale (le seul personnage qui constitue un repère pour le héros) prie dans la vieille chapelle familiale serait meilleure si la musique qui accompagne l'oraison n'était pas Over the Rainbow.

Signalons pour finir à Matthieu le héros et à Martin le réalisateur que le dessinateur Aubrey Beardsley n'était pas une femme.

 

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