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LIVRES REÇUS
ENTRE LA PLÈBE ET L'ÉLITE
Jean-Noël Lafargue
Les Ateliers Perrousseaux, 2012

L’auteur nous propose, en ouverture d'un ouvrage qu’il qualifie lui-même de « modeste », une histoire de la bande dessinée mondiale en cinquante pages, ce qui est bien sûr un exercice impossible. Notre homme a le mérite pour la bande dessinée du platinum age de prendre en compte les travaux récents des meilleurs chercheurs. Pour le XXe siècle, il place le newspaper strip américain au centre de son analyse, sans véritablement le justifier, mais on peut supposer que c'est parce que, stylistiquement et thématiquement, le newspaper strip a fécondé la bande dessinée européenne.
On peut regretter quelques noms écorchés (Frank Belley au lieu de Bellew, Paul Winckler au lieu de Winkler) et quelques inexactitudes (Lee Falk ne dessine pas The Phantom, il en est le scénariste, Andy Capp est un strip anglais et non américain). Plus gênante est l’ignorance des domaines connexes. Hetzel (et non Hertzel) n’a jamais publié Paul d’Ivoi, qui paraît dans Le Journal des voyages et, en cartonnages, chez Boivin. Buck Rogers n’est pas un feuilleton du pulp de science-fiction Amazing Stories, mais consiste en tout et pour tout en deux longues nouvelles, parues à sept mois d'intervalle. Écrire que le Futuropolis de Pellos est « inspiré de Wells » est un truisme (toute la science-fiction du temps découlant en quelque sorte par définition de Wells), mais fait l’impasse sur l’intérêt du récit qui est précisément de faire la synthèse de tout le roman populaire d’anticipation de l'aire francophone.
En deuxième partie, M. Lafargue donne une histoire du rejet de la bande dessinée, courte, bien informée et qui ne cède jamais aux euphémismes.
En troisième partie, on trouve une histoire du processus de légitimation de la bande dessinée, bien documentée, même si l’auteur prend parfois au pied de la lettre certaines assertions auto-louangeuses des exégètes du domaine (Claude Moliterni n’a jamais fait l’école des Chartes).
En « bonus », Jean-Noël Lafargue propose une petite balade dans les films et les romans qui mettent en scène des auteurs de bandes dessinées, puis il met en parallèle la bande dessinée avec d’autres domaines culturels, le théâtre et la danse, la littérature populaire, la littérature pour enfants, la presse grivoise, etc. Il n’a pas de mal à montrer que la bande dessinée a beaucoup reçu et beaucoup donné.

Manuel Hirtz

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