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Le vice-légat du vice-roi. Ca par exemple! Mettre un terme à mon éléva-a-a-a-tion!

Un garde (à part). Va chier.

Huctor Vigo, Supplément au Cromwell

 

 

Une révolution dans l'édition

le roman par notes infrapaginales

 

Nous soumettons au public l'invention du roman par notes infrapaginales.

On connaissait le roman par lettres, le roman en digeste, le roman par listes (ou nouveau roman). Il manquait au monde littéraire un roman entièrement fait de notes en bas de pages ou en fin de chapitres (ou en fin de volumes).

Le roman par notes infrapaginales représente incontestablement un grand progrès, puisqu'il permet de contenir l'ouvrage dans un volume beaucoup moindre, en ménageant la clarté de l'intrigue et en soutenant l'intérêt du lecteur, tandis que son but est, sans abus de mot pour une fois, d'instruire en récréant.

Voilà à titre d'illustration le début, sous cette forme nouvelle, d'Egmont ou les Obscurités des capucins couleur muraille, par miss Frances Lethal, en trois volumes, traduit de l'anglois par un Gentilhomme.

 

chapitre I

1. (p. 16) Mes robes, coupées dans celles de ma mère. L'usage était de vêtir les petits garçons en filles jusqu'à quatre ou cinq ans. Dans le cas de John, le maintien de cette vêture jusqu'à dix ans suggère une éducation peu virile, oeuvre d'une mère envahissante, ce que confirme la mention, plus loin, de ses boucles blondes retenues lâchement par un noeud de velours grenat.

2. (p. 19) Cassandra, Le grand Cyrus. Cassandra est un roman de la Calprenède (1614-1663). Le Grand Cyrus est l'oeuvre de Mademoiselle de Scudéry (1607-1701). Les premières lectures de John sont des romans précieux, dont la vogue, au temps de son enfance, est passée depuis deux générations.

2. (p. 38) La malle. La malle-poste, c'est à dire la diligence qui transporte le courrier et quelques passagers.

3 (p. 38) Viatique. Petite somme d'argent que le voyageur emporte avec lui. Le terme désigne ici le petit baluchon que John reçoit des mains de sa maman.

4. (p 43) Un Melmoth. Allusion au personnage central de Melmoth the wanderer, roman gothique de Charles Mathurin (1820). Cette comparaison donne au brigand une aura maléfique et une ombre de romantisme.

5. (p. 48) Et eritis sicut dii. Et vous serez comme des dieux. Parole du serpent tentateur à Eve dans la Bible (Génèse, 3, 5). Notre brigand a des lettres.

6. (p. 53) Egmont. C'est la première occurrence du personnage éponyme du roman, bizarrement interpolé avec le chef des brigands. Egmont demeurera très mystérieux tout du long, ce qui n'empêchera pas que, persécuteur tapi dans l'ombre ou ange tutélaire, il ne prenne pour John la figure de la destinée.

 

chapitre II

1. (p. 52) Misericordia... Pitié! ou: Je me rends. La carrière criminelle de John tourne court.

2. (p. 53) Emmailloté et pendu comme enfant à la mamelle. La pratique subsista fort avant dans le siècle d'emmailloter les nourrissons, c'est à dire de les assujétir et les ficeler dans leurs langes. Il n'était pas rare qu'un enfant ainsi immobilisé fût suspendu à un clou planté dans une solive de la maison, tandis que sa mère vaquait à ses affaires. John use de cette plaisante métaphore, parce qu'il porte les fers et les entraves et qu'il s'attend à être pendu comme voleur.

3. (p. 54) Le général Monk. On ne comprend pas clairement si l'officier commandant le régiment de John est un descendant (ou peut-être un homonyme) du général Monk (1706-70) qui rétablit la monarchie en 1660 ou bien si John donne plaisamment ce sobriquet à son colonel. Dans un cas comme dans l'autre, cette référence onomastique nous renvoie, une fois de plus, au temps de Cromwell.

4 (p. 65) La vivandière. Femme qui vend aux soldats des vivres et des boissons. Les officiers de ce temps devaient subvenir à leurs propres besoins et payer leur équipement sur leurs fonds propres. Soit dit en passant, John ayant eu à choisir entre la potence et l'armée, il est tout à fait invraisemblable qu'il lui ait été loisible d'acheter une charge d'officier.

5. (p. 75) Cette femme... La Martel est le type même de l'entremetteuse selon les conceptions du temps.

6. (p. 78) Je devins un fort honorable poissard. Un poissard est un homme qui adopte les manières et le langage du bas-peuple. Pour soudain que soient les revers de fortune de John, il s'adapte à son nouvel environnement avec une facilité surprenante.

7. (p. 88) Le Moine, Udolphe. Nouvelles allusions à des romans gothiques célèbres. Le moine est l'oeuvre de Matthew Lewis (1775-1818). Les Mystères du château d'Udolphe sont l'oeuvre de Mrs Radcliffe (1764-1823), le plus célèbre des auteurs du genre.

8. (p. 89) Le magicien de la forêt Noire. Son mystérieux bienfaiteur (qui n'est probablement qu'une nouvelle incarnation d'Egmont) rappelle à John les personnages des romans qu'il lisait enfant.

 

chapitre III

1. (p. 98) Le souterrain, le vieux baron anglais. Encore des romans gothiques. Le premier est de miss Sophie Lee, le second de miss Clara Reeve.

 

chapitre IV

1. (p. 115) Je fus à Bath. Bath est alors une station fort à la mode.

2. (p. 119) Mon véritable Amphitryon. Mon véritable hôte. Amphitryon est un personnage mythologique dont Zeus prit les traits pour séduire son épouse, Alcmène. Amphitryon en est venu à signifier celui chez qui l'on dîne, à cause des vers de Molière:

le véritable Amphitryon

Est l'Amphitryon où l'on dîne.

3. (p. 130) Aphra Behn. La première femme qui vécût de sa plume en Angleterre (1640-89). La citation est extraite de sa pièce anti-puritaine, les Têtes rondes. Les connaissances théâtrales de John sont aussi désuettes que ses connaissances romanesques ou ses références historiques.

4. (p. 133) Citation de l'Ecriture (1 Thes. 1,8). Les connaissances grecques de John ne dépassent pas celles d'un séminariste très moyennement doué. La réaction de la duchesse face aux prouesses philologiques de John rappelle évidemment les pâmoisons des Précieuses Ridicules, Philaminte, Bélise et Armande, qui veulent embrasser Vadius pour l'amour du grec.

5. (p. 146) La fuite de gros pieds chaussés de cygne, le friselis coupable de la soie et du satin. Le passage est peu clair, peut-être de la volonté même de l'auteur, et il est difficile de comprendre ce que John a vu dans la psychée au fond du couloir qui l'ait tant épouvanté. Le contexte semble suggérer qu'il a surpris son ami Lord Rochester dans un travesti féminin.

 

[Pour paraître: Le roman par errata]

 

Extraits de La Méprise, par E. Garet

 

p. 2 au lieu de son oeuvre génitale lire son oeuvre géniale.

p. 35 mais x était un porc, lire mais x était un pur.

p. 76 les saloperies de cette crevure, lire les outrecuidances de ce drôle.

p. 274 Lire Spindlethriftspin au lieu de Sprindlethriftspin.

 

 

[Egalement: Le roman déshydraté]

 

Extraits de La Concentration, par Toutassé de Sanblanc

 

Tandisquejefaisaiscesréflexionsàproposdecelaboureur,commej'enavaisfaitd'autresorteàproposdeMirabeauetdeDanton,Fontanesobtenaituneaudienceparticulièredeceluiqu'ilappelaitplaisammentleContrôleurGénéraldesfinances:ilensortitfortsatisfait,carM.duTheilavaitpromisd'encouragerlapublicationdemesouvrages,etFontanesnepensaitqu'àmoi.Iln'étaitpaspossibled'êtremeilleurhomme. Timideencequileregardait,ildevenaittoutcouragepourl'amitié;ilmeleprouvalorsdemadémissionàl'occasiondelamortduducd'Enghien.