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notes pour un

dictionnaire de l'infamie

de l'imbécilité et de la suffisance

avec une quantité de gogos, naïfs et autres crédules


ARISTOTE. Philosophe grec. Référence en matière scientifique pendant près de 20 siècles, grâce à l'Eglise catholique romaine - au point que soutenir une opinion contraire à la sienne faisait courir un risque très sérieux pour sa sécurité -, c'était un piètre savant. Son postulat de base était qu'expliquer quelque chose consiste à le ramener à l'opinion commune. Sa méthode était de recopier ce qui se disait généralement, en s'abstenant scrupuleusement de toute observation. Presque toutes les idées qu'il a soutenues en physique (il est l'inventeur du mot) et qui sont devenues, dans la civilisation occidentale, des dogmes, sont fausses. Très en retard sur son temps, il croyait que la Terre est le centre de l'univers, que les corps lourds tombent plus vite que les corps légers, que l'oeil envoie des sortes de rayons pour reconnaître les objets. Alors que les Grecs avaient, depuis Leucippe et Démocrite, une théorie des atomes, il ramena les éléments à quatre, l'eau, le feu, l'air et la terre - et expliqua qu'un corps tombait vers le sol parce que les objets composés du même élément s'attirent. Sans cet imbécile et ceux qui l'ont érigé en autorité, on aurait découvert les lois de Newton au temps de Charlemagne, la physique atomique sous Louis XI, et Christophe Colomb serait probablement allé sur la Lune.

 

ARON (Raymond). Institué grand penseur politique, pour l'opposer à Sartre - mais sa pensée est une resucée de l'école de Francfort. D'ailleurs, dix ans après sa mort, on ne se souvenait d'aucun de ses livres. Il est encore cité dans quelques facultés de droit ou quelques instituts de sciences politiques par des enseignants de centre droite ayant du mal à trouver des références.

A défaut de pouvoir lui attribuer une pensée claire ou originale, on lui a fait une réputation d'homme prudent et mesuré, ayant le nez plus fin que Sartre. En admettant qu'Aron ait joui du sens de l'odorat, il surmontait admirablement ses haut-le-coeur, car quoique juif, il étudia à Berlin dans les années 1930, en se fichant apparemment de ce que subissaient à cette époque ses coreligionnaires dans cette oasis de paix.

Quant à la pensée mesurée du grand homme, elle apparut le mieux dans ses éditoriaux du Figaro, avant les élections présidentielles de 1981, où Aron avertissait charitablement ses contemporains que s'ils élisaient François Mitterrand, les chars russes seraient à Paris avant trois jours. (1905-1983)

 

BARRES (Maurice). Littérateur français. Il est passé de l'observation de son nombril (« pour cultiver son moi, il faut de l'argent »*) au bellicisme, et encouragea de la voix et du geste l'immense boucherie de la Grande Guerre. (1862-1923)

 

* La citation exacte est : « L'argent, voilà l'asile où des esprits soucieux de la vie intérieure pourront le mieux attendre qu'on organise quelque analogue aux ordres religieux qui, nés spontanément de la même oppression du Moi que nous avons décrite dans Sous l'œil des barbares, furent l'endroit où s'élaborèrent jadis les règles pratiques pour devenir un homme libre, et et où se forma cette admirable vision du divin dans le monde, que sous le nom plus moderne d'inconscient, Philippe retrouva dans Le Jardin de Bérénice. » (Le Jardin de Bérénice, Laffont, Coll. Bouquins, p. 257. Sous l'œil des barbares, Un homme libre et Le Jardin de Bérénice constituent la trilogie du Culte du Moi.)

 

BEAUVOIR (Simone de). Ses Mémoires d'une jeune fille rangée (le titre est peut-être une réminiscence de celui de Boylesve, La Jeune fille bien élevée) entamèrent une série de tomes de souvenirs élaborés à partir de ses carnets.

Simone de Beauvoir dévergondait ses grandes élèves pendant que Sartre était au stalag, mais elle n'a jugé utile de parler de son lesbianisme - ou de son bisexualisme - ni dans Le deuxième sexe ni dans ses mémoires à rallonge, sans craindre, apparemment, de déformer gravement et ses théories et le récit de sa vie.

Le Deuxième sexe, qui servit de bible aux féministes est presque burlesque, tant il est clair que l'auteur recopie à droite à gauche, à l'appui de sa thèse, des détails de biologie qu'elle ne comprend pas.

Elle eut une longue liaison avec Nelson Algren (1909-1981), romancier et journaliste américain, connu surtout pour L'Homme au bras d'or. Il est curieux de voir, sur les photographies, ce monsieur décati qui ressemble à un épicier et cette dame mûre qui joue à la demoiselle et porte de petites robes d'été.

 

BINET-SANGLÉ. Eugéniste français. Dans Le Haras humain (1918), propose un Institut d'euthanasie, rattaché à l'Assistance publique, où les tarés seraient détruits de façon humaine à l'aide de gaz hilarant. (1868-????)

 

CHATEAUBRIAND (François-René de). Le Génie du Christianisme est un ouvrage bigot. Il n'y manque pas cet excellent argument contre la géologie selon quoi Dieu a créé la Terre vieille pour ridiculiser les géologues.

Les Mémoires d'outre-tombe sont, pour les deux tiers, un recopiage de sa correspondance. La partie sur le roman indien (Atala) qui lui vaut une gloire bruyante et lance la mode des Indiens est désopilante. Chateaubriand avait en réalité recopié Lafitau.

 

DUTOURD (Jean). L'auteur de Au bon beurre finit académicien, ce qui était bien fait. L'éditeur Eric Losfeld le détestait et plusieurs passages de ses mémoires (Endetté comme une mule) lui sont consacrés. Nous les versons ici :

« Tandis que je rédige ce chapitre, j'apprends par la radio que Jean Dutourd est élu à l'Académie française. C'est dans l'ordre des choses. Avec cette seule différence que, jusqu'à présent, depuis longtemps et à de rares exceptions près, l'Académie n'élisait que l'imbécile intégral. Aujourd'hui, elle s'avise d'accueillir en une même personne le truqueur intégral, qui, pour obtenir ses suffrages, a pris pendant des années le masque du taré. Jadis, il passait pour savoir l'anglais et traduisait Hemingway. Résultat, Georges Bataille, commentant Le Vieil homme et la mer dans un article de la revue Critique, fut obligé de citer le texte original et sa propre traduction, non sans signaler dans une note l'indigence et les fautes de grammaire (française) de l'approximative version signée Dutourd. (...)

« Quant à Dutourd, avec qui Breton n'a pas eu les relations qu'il a eues quelque temps avec Pauwels, il jouissait de son indulgence à cause d'un seul livre, Doucin, que Breton avait jugé intéressant. Ça n'a guère duré. L'individu était trop bête et trop bouffi de lui-même pour ne pas révéler sa médiocrité. J'ai envie de lui cracher dans la gueule pour avoir écrit à la mort de Breton : "Il aurait fait oeuvre d'écrivain s'il n'avait passé son temps à palabrer dans les cafés." C'est pousser un peu loin la littérature comparée : un kilo de bon beurre contre son volume d'or fin. »

 

DRUMONT (Edouard) Homme politique et journaliste antisémite. Fondateur de La Libre parole et auteur de La France juive. (1844-1917)

 

GALTON (Francis). Fondateur de l'eugénisme. Cousin de Charles Darwin, il tira des observations de celui-ci sur la sélection naturelle l'idée d'une sélection artificielle de l'être humain. Sa doctrine devint l'orthodoxie scientifique et médicale pendant un demi-siècle et fut incroyablement populaire dans le public, en particulier dans les millieux avancés, où l'on rêvait d'ingénierie sociale et de planification sociale (H. G. Wells en fut longtemps partisan). En Suède, 60 000 personnes furent stérilisées sans leur consentement entre 1935 et 1976, à cause de handicaps physiques, mentaux ou tout simplement sociaux. Aux Etats-Unis, une loi sur la stérilisation par vasectomie des fous, des pervers et des criminels fut adoptée dans l'Indiana, dès 1907. Aussi tard qu'en 1943, 30 des 48 Etats possédaient encore des lois sur la stérilisation forcée des anormaux. Des Américaines découvrirent avec stupeur que si elles en pouvaient pas avoir d'enfant, c'était parce qu'elles avaient été stérilisées à leur insu, jadis, à l'occasion d'un hospitalisation dans un service de psychiatrie, pour une banale dépression. (1822-1911)

 

GOBINEAU (Comte Joseph-Arthur de). Diplomate et écrivain, théoricien du racisme, auteur de l'Essai sur l'inégalité des races humaines. On ne lit plus le romancier. (1816-1882)

 

GREGOIRE IX. Trouvant que l'extirpation des hérésies avançait mollement sous la direction des évêques, toujours trop près de leurs ouailles, il confia en 1232 la traque à l'ordre des Dominicains. Ce fut la fondation de l'Inquisition. Une riche idée puisqu'elle permit de torturer et d'assassiner environ deux millions de personnes, en majorité des femmes. (vers 1145-1241)

 

LUTHER (Martin). Sa haine du peuple était appuyée sur une connaissance précise de l'Ecriture. Lors d'une révolte de paysans, en 1624, il écrivit aux nobles de Saxe qu'il fallait les écraser comme on tue un chien enragé, et que l'abolition du servage violait les préceptes de l'Evangile puisque le fait de retirer les esclaves à leur propriétaire constituait un vol. (1483-1546)

 

NIN (Anais). Parfait exemple de personnalité insuffisante, transformée en écrivain par des biographes peu scrupuleux et des éditeurs douteux. Tout en se disant vaguement modèle, danseuse, critique ou romancière, elle a passé le plus clair de sa vie à camper dans les salles d'attente de différents psychiatres - y compris Otto Rank avec qui elle couchait -, en écrivant des fadaises dans de grands cahiers qui devinrent son Journal. Très lancée dans les milieux littéraires parisiens, en dépit d'une bêtise alarmante, elle coucha aussi avec Henry Miller et Lawrence Durrell, avant de rentrer à New-York, à cause de la guerre. Elle devint analyste elle-même, sous la direction de Rank. Sous l'influence de Miller, elle écrivit de la très mauvaise pornographie. Elle devint, pour les féministes, l'incarnation de la femme-libérée-victime-des-hommes - rôle qui lui va comme des patins à glace à une mule. Ôtées son indéniable beauté et sa pratique des milieux littéraires, il reste ce qu'il est convenu d'appeler une pauvre fille, ayant passé son existence à parasiter différents hommes. Son « style » niais et vaporeux, est si conforme aux poncifs misogynes d'une « écriture féminine » qu'on en demeure gêné. (1903-1977)

 

PLATTELAND. Ce n'est pas un homme mais un pays. Ce (plat) pays est en Afrique du sud. Ses habitants blancs, par souci de pureté raciale, se sont mariés entre eux depuis des générations. Ils sont dégénérés, avec des oreilles décollées et des nez monstrueux, souffrent d'arriération et sont ravagés par l'alcool. Une exposition du photographe américain Roger Ballen, en 1993, permit au public de Paris et d'ailleurs de mesurer l'ampleur du désastre. Les bons esprits crièrent au voyeurisme, comme si cette application très réelle du racisme scientifique devait rester pudiquement cachée au monde.

 

SARTRE (Jean-Paul). Sartre ironisait lui-même sur le fait qu'il était proche politiquement des soviétiques mais passait sa vie à s'empiffrer de romans et de films américains.

Après un roman réussi parce que très travaillé (La Nausée) et un recueil de nouvelles dont deux au moins sont des chefs-d'oeuvre, son oeuvre littéraire est une catastrophe. On ne la lit plus. Son théâtre est confondant de bêtise. La P. respectueuse a l'air d'un scénario raté pour un film policier « sudiste ».

Les principales idées de Sartre sont des resucées d'André Gide et il illustre parfaitement le mot en quelque sorte prophétique de ce dernier selon quoi ce n'est jamais que par ses aspects secondaires qu'un grand écrivain est imité. C'est vrai en particulier de l'engagement (où Sartre a l'air d'imiter le Gide des années 30) et de l'existentialisme (élaborée à partir de la théorie de l'acte gratuit du Lafcadio des Caves du Vatican). Mais, si Gide est l'incarnation du scrupule et de l'honnêteté et n'est jamais prisonnier de son personnage, Sartre a géré son fonds de commerce en épicier magouilleur. Il s'est acoquiné avec tout ce que la planète comptait de dictateurs avant de faire « sa révolution » en mai 68. (1905-1980)

 

VACHER DE LAPOUGE (Georges). Eugéniste français. Pensait qu'il fallait encourager l'alcoolisme dans le peuple afin de limiter ses facultés reproductrices. Un dur. (1854-1936)

 

VIEL-CASTEL (Horace de). Ganache haineuse et réactionnaire. Ses Mémoires sur le règne de Napoléon III (fort mal titrés, puisqu'il s'agit de son journal) débordent de fiel et de dénonciations tous azimuts.

 

VILLIERS DE L'ISLE-ADAM (Marquis Joseph Toussaint Charles de). Père de l'écrivain Villiers de l'Isle-Adam. Autre incarnation de la ganache réactionnaire dans sa version titrée. Son fils s'appelait, sur ses cartes de visite, Auguste Viliers de l'Isle-Adam. Cependant, le vieux marquis ne lui écrivit jamais autre chose que « Mon cher Matthias ». Cette caricature paternelle faisait au grand écrivain des lettres en style « noble » pour : 1° le taper, 2° lui annoncer qu'il allait faire un riche mariage d'argent et 3° le mettre en demeure de renoncer à la carrière des lettres et à Marie Dantine, que le marquis n'appelle jamais autrement que « cette fille », qui donna un fils à Villiers, le soigna avec dévouement, et que l'écrivain épousa sur son lit de mort.