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FAUX MODÈLES
THE DARK KNIGHT RISES
CHRISTOPHER NOLAN 2012
THE AMAZING SPIDER-MAN
MARC WEBB 2012


The Dark Knight Rises de Christopher Nolan est un film interminable et bouffi d'emphase, lourd d’intentions vagues et confuses, rempli de personnages tenant des propos sentencieux et énigmatiques. Comme, de plus, il est extrêmement mal filmé, les scènes d’action en particulier étant incroyablement peu lisibles, on est dans l’impression désagréable de se trouver devant on ne sait quel brouillon prétentieux.
Par son cynisme confinant au nihilisme, et par une passion malsaine pour la violence, le film apparaît au surplus vaguement fascisant, phénomène aggravé par une utilisation confuse et attrape-tout par les auteurs du film de leurs sources dans les comic books. En voyant les trois films de la trilogie Batman de Nolan — Barman Begins (2005), The Dark Knight (2008) et ce Dark Knight Rises (2012) —, on identifie parfaitement des morceaux du Batman de Neal Adams et Dennis O’Neil (où apparaissent Ra’s al Ghul et sa fille, et où Batman est dur mais gentil), du Dark Knight de Frank Miller (peinture libertarienne d’un grand bourgeois devenu vigilante) et du Killing Joke d’Alan Moore et Brian Bolland (qui sonde les abysses de la psyché humaine et qui conclut que Batman et le Joker sont tous deux psychotiques).

Passons sur la totale confusion idéologique du film, qui provient quant à elle des « high concept story elements » des comics originaux — qui donnent l’impression de remuer de graves questions politiques, dans l'intention de flatter leur cœur de cible de post-adolescents, alors qu’ils présentent en réalité un brouet confusionniste. Le résultat dans Dark Knight Rises est que le méchant Bane se révéle à la fois comme une sorte de taliban et de démagogue du mouvement Occupy. Plus amusante est la révélation finale du tryptique, puisque nous apprenons que Marion Cotillard est la fille de Fu Manchu (pardon, de Ra’s Al Ghul).

Contrairement au film de Nolan, The Amazing Spider-man de Marc Webb fait passer un moment agréable — et pour cause, c’est l'équivalent du premier épisode d’une bonne série télé qui aurait miraculeusement profité des largesses d’un budget de super-production. Le scénario est une variation sur l’origine de Spider-Man, à la fois astucieuse et modeste. Certes le metteur en scène ne vaut pas Samuel Raimi mais il a la chance de disposer d’un meilleur scénario, qu’il illustre sans faire le malin. Ce qui demeure des Spider-Man de Raimi c’est que le protagoniste ne devient réellement héros que lorsqu’il est adoubé par le peuple. Les grutiers de New-York qui aident Spider-Man en alignant leurs engins évoquent lointainement les grutiers de la Tamise qui abaissèrent les leurs en hommage à Winston Churchill, au moment de l’enterrement de celui-ci, seule intervention spontanée du peuple dans des funérailles nationales soigneusement chorégraphiées.
Décernons une mention spéciale aux costumiers qui ont eu pour mission d’habiller Gwen Stacy en « good girl » tout en l’habillant sexy. Ils ont fait des miracles.

Moralité : quand on fait du film de super-héros, mieux vaut rester simple et modeste, à l’image des comics originaux.— Manuel Hirtz

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