LA UNE DE L'ADAMANTINE
L'ADAMANTINE STRIPOLOGIQUE
L'ADAMANTINE LITTERAIRE ET POPULAIRE
L'ADAMANTINE ARTISTIQUE ET MONDAIN
L'ADAMANTINE EN ESTAMPES
L'ADAMANTINE STIRPOLOGIQUE

Le gentleman de la nuit
Volume 5 - n° 1. Manuel Hirtz editor
A ce dont l'esprit se contente, on mesure l'étendue de sa perte. Hegel

Eugène Sue

Les Mémoires du comte Horace de Viel-Castel sur le règne de Napoléon III (1851-1864) portent mal leur titre. En fait, il s'agit du journal intime du vieux comte. Ultra-réactionnaire, médisant, bête et à l'occasion haineux, Horace de Viel-Castel a bien servi les auteurs du Dictionnaire de la bêtise. Il dit avoir bien connu Eugène Sue. Voilà les passages qui le concernent.

"Jeudi 6 mars 1856: E. Sue a commencé depuis deux jours dans le feuilleton de La Presse, la publication d'un roman socialiste. C'est toujours l'homme du peuple victime du bourgeois, etc, etc. Et puis l'éternelle rengaine de l'antagonisme des gaulois et des Francs, etc, etc. E. Sue et Girardin ont vraiment bonne grâce à parler de moralité, à tonner contre les vices du siècle.

E. Sue est l'homme le plus débauché de la terre. Il a conduit Mme C. Laffite, sa maîtresse, dans les lieux les plus mal famés, de même son neveu, le jeune Gaillar, que sa soeur lui confiait et qui n'avait que quatorze ans, il l'a fait violer par des filles malgré ses répugnances et l'a traité de petit sot lorsqu'il s'est mis à pleurer. E. Sue m'a raconté lui-même cette scène, un soir, chez la duchesse de Rauzan.

Quand il s'est retiré dans la Sologne, E. Sue a formé chez lui un petit sérail de jeunes filles, il n'avait pas de domestique mâle et il m'a dit alors: "Venez me voir, nous ferons de bonnes orgies." E. Sue, le plus débauché des hommes, est un poltron qui s'est fait socialiste par peur. Si le feuilleton d'E. Sue est continué, il fera un mal énorme."

Le feuilleton dont parle Viel-Castel c'est La Femme de lettres, partie du Diable médecin, et les craintes du comte ont été partagées, car sa publication fut suspendue.

"Mardi 4 août 1857: Eugène Sue est mort hier à Annecy. Je l'ai beaucoup connu de 1833 à 1840. C'était un médiocre écrivain, sans moralité, sans conviction, un mauvais sujet dans toute la force du terme. Les Mystères de Paris ont fait sa réputation et sa perte; il a cru à son influence sur la classe ouvrière. Il a pensé dans son orgueil qu'il pourrait arriver à la dictature socialiste et il s'est fait socialiste.

Débauché plus que personne, luxurieux et orgueilleux, il s'était depuis le 2 décembre retiré en Savoie d'où il lançait dans la presse les plus violentes productions socialistes.

Eugène Sue est mort, c'est un scandale de moins."

"Jeudi 13 août 1857: Les journaux racontent et l'Indépendance Belge reproduit les "touchants" détails de la mort d'Eugène Sue. Cet homme, le plus immoral de tous ceux que j'ai connus, est vanté comme un bon et doux seigneur. Le vertueux colonel Charras lui a fermé les yeux et a reçu ses dernières paroles, «mon ami, lui a dit l'illustre (textuel) mourant, je veux mourir comme j'ai vécu, en libre penseur, veillez-y je vous en prie.»

Le colonel Charras y a veillé, aucun prêtre n'a déshonoré par sa présence le convoi du "libre penseur", la croix du chrétien ne sera point plantée sur son tombeau. Les habitants d'Annecy conserveront un souvenir édifiant de la mort du socialiste débauché qui a vécu et qui est mort comme un chien."

 

Le Gentleman

 Retour au sommaire