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Iles aériennes


Esquisse d'une chrono-bibliographie


1726

Voyages de Gulliver dans des contrées lointaines

Jonathan Swift

 

Il s'agit, pour nous, de la troisième partie des voyages de Gulliver, le "voyage à Laputa, Balnibarbi, Luggnagg, Glubbdubdrib et au Japon".

A Laputa, le roi possède une île volante qui lui permet de survoler son pays.

"L'île volante est parfaitement ronde; son diamètre est de trois mille neuf cent dix toises, c'est à dire d'environ quatre milles et demi, et par conséquent elle contient à peu près dix mille acres.

Le fond de cette île ou la surface intérieure, celle qu'on aperçoit lorsqu'on la regarde d'en bas, est un large plateau de diamant poli, d'environ quatre cent pieds d'épaisseur, au-dessus duquel des couches de divers minéraux se succèdent dans l'ordre accoutumé; et le tout est recouvert d'un lit de terre végétale de dix à douze pieds de profondeur.

Le plan de la surface supérieure étant incliné de la circonférence vers le centre, toutes les pluies et les rosées qui tombent de l'île sont conduites par de petits ruisseaux vers le milieu, où ils se déchargent dans quatre grands bassins chacun d'environ un demi-mille de circuit, et situés à deux cent pas de distance du centre de la plaine. L'eau de ces bassins est continuellement pompée de par le soleil pendant le jour, ce que les empêche de déborder.

Au centre de l'île est un trou d'environ vingt-cinq toises de diamètre, par lequel les astronomes descendent dans une excavation voûtée qu'on appelle Flandona Gagnole, ou la caverne des astronomes, située à la profondeur de cinquante toises au-dessous de la surface supérieure du diamant.

Dans cette caverne, vingt lampes brûlent sans arrêt, et, par la réverbération du diamant, elles répandent une grande lumière de tous côtés.

Ce lieu est orné de sextants, de cadrans, de télescopes, d'astrolabes et autres instruments astronomiques; mais le plus curieux de tous les objets qui s'y trouvent, celui duquel dépend la destinée même de l'île, est une pierre d'aimant d'une grandeur prodigieuse, taillée en forme de navette de tisserand.

Elle est longue de trois toises et, dans sa plus grande épaisseur, elle a au moins une toise et demie. Cet aimant est suspendu par un gros essieu de diamant qui passe par le milieu de la pierre, et sur lequel elle joue; il est placé avec tant de justesse qu'une maint très faible peut la faire tourner. La pierre est entourée d'un cercle de diamant en forme de cylindre creux, de quatre pieds de profondeur, de plusieurs d'épaisseur, et de six toises de diamètre, placé horizontalement, et soutenu par huit piédestaux, tous de diamant, hauts chacun de trois toises. Du côté concave du cercle, il y a une mortaise profonde de douze pieds, dans laquelle sont placées les extrémités de l'essieu, qu'on peut ainsi faire tourner à volonté.

Aucune force ne peut déplacer la pierre, parce que le cercle et ses pieds ne forment qu'une seule pièce avec le corps du diamant, qui fait la base de l'île.

C'est par le moyen de cet aimant que l'île se hausse, se baisse, et change de place; car, par rapport à cet endroit de la terre sur lequel le monarque réside, la pierre est douée sur l'un des côtés d'un pouvoir d'attraction, et sur l'autre d'un pouvoir de répulsion.

Ainsi, quand on tourne l'aimant de manière qu'il présente à la terre son pôle attractif, l'île descend; mais quand le pôle répulsif est tourné vers la terre, l'île remonte. Lorsque la position de l'île est oblique, le mouvement de l'île l'est aussi; cet aimant imprime toujours une direction parallèle à la sienne. Par ce mouvement oblique l'île est conduite aux différentes parties des domaines du grand monarque."

Depuis ma dernière lecture de Gulliver, il m'a été donné de lire quelques uns des nombreux "voyages extraordinaires" écrits au dix-huitième siècle. En relisant Swift aujourd'hui, je suis frappé de constater à quel point son roman s'inscrit dans la tradition et les codes de ce genre littéraire, et à quel point aussi il dépasse presque tous ses confrères, tant au niveau de l'invention, de l'ironie et de l'intelligence, que de l'art littéraire.

Dans cette troisième partie de Gulliver, l'auteur semble avoir voulu épuiser les idées qui lui restaient, avant d'en venir au voyage chez les Houyhnhnms où il peut enfin donner libre cours à sa misanthropie. Ce voyage à Laputa en souffre et cette partie de l'œuvre a un côté "forcé" que n'a pas le reste du roman.

Les voyages de Gulliver - mais est-il nécessaire de le dire à nos lecteurs, - est un livre fondamental pour tous ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la conjecture, et aux autres aussi d'ailleurs.

On retrouve Laputa, devenue île volante mythique dans le très beau dessin animé Laputa du japonais Hayaoh Miyazaki. Il est vrai que, dans l'œuvre de Swift, Gulliver fait escale au Japon.

 

1892

Le rubis du grand Lama

André Laurie

Hetzel "Aventures"

 

Une julevernerie assez plate par un des membres de l'écurie Hetzel, où il est question de la fabrication chimique des pierreries et d'une île aérienne de 300 mètres de côté, propulsée par en-dessous au moyen d'hélices mues par un moteur à vapeur.

En lisant Laurie, on a souvent l'impression de pesants pastiches du grand Jules et on ne s'étonnera donc pas que ses meilleurs romans soient Les 500 millions de la Bégum, L'Etoile du sud et l'Epave du Cynthia, écrits en collaboration avec Verne lui-même.

 

1910

La ville aérienne

Henry de Graffigny

Editions Vernot

 

Une autre julevernerie avec aérostat gigantesque à la clé. Graffigny était peut-être un bon vulgarisateur scientifique, mais quel piètre romancier!

 

1920

L'aéro-bagne 32

E. M. Lauman et H. Lanos

Lectures pour tous, puis en volume, Hachette, 1921

 

Il y a quelques années, l'opinion publique fut émue par une nouvelle sensationnelle. Une outre de cuir contenant un manuscrit s'était abattue sur le pont d'un navire. Il s'agissait du journal d'un ingénieur français: Paul Ménestin attaché aux aciéries de Neustadt (Silésie allemande) disparu récemment dans des conditions mystérieuses.

Ménestin, dès son arrivée, se sent épié, surveillé. Une nuit, il part en exploration et découvre l'existence de vastes ateliers souterrains où l'Allemagne construit un important matériel de guerre. Le lendemain, on lui demande de reconstituer, moyennant une prime, la formule d'un nouveau gaz toxique découvert en France. Il refuse. Alors, les directeurs des aciéries, constitués en tribunal, le menacent de redoutables représailles. Comme il continue à refuser, il est mis en cellule. Vingt-quatre heures lui sont accordées pour se décider.

Les vingt-quatre heures écoulées, la résolution de Ménestin n'a pas faibli. Bientôt, il se sent soumis à un puissant anesthésique et reprend conscience à bord de l'aéro-bagne 32. Là, une discipline cruelle est appliquée par l'état-major et les gardiens, tous condamnés pour vol ou inconduite. Parmi eux, un seul indulgent: le second lieutenant Eitel, fils du commandant condamné pour ivrognerie. Pour empêcher le le commandant de s'abandonner à son vice, le jeune officier était venu volontairement à bord de l'aéronef. Un laboratoire est mis à la disposition de Ménestin pour entreprendre des recherches sur le gaz toxique.

Cependant, la publication par le Monde des premiers chapitres du manuscrit surexcite les esprits. Mais il importe de contrôler certaines des assertions du journal, l'Allemagne ayant conclu officiellement au suicide de notre compatriote. Un rédacteur du Monde, Escandier, part en enquête à Neustadt, accompagné de la fiancée de l'ingénieur, Mathilde de Régis. Ils s'assurent de l'exactitude du récit quant à l'existence d'usines mystérieuses.

Sur l'aéro-bagne, Ménestin fabrique un explosif surpuissant qu'il met dans six flacons métalliques. Il cache quatre de ces bombes dans l'aéro-bagne, en garde deux sur lui, et va annoncer crânement au commandant que les rôles sont maintenant inversés et qu'il est désormais son prisonnier. Il jouit ainsi d'une certaine liberté à l'intérieur de l'aéro-bagne.

Coup de théâtre. Eitel est en fait la fille du commandant du bagne volant. Elle s'est déguisée en officier pour rester avec son père et le soigner. Elle l'avoue à Ménestin et lui déclare son amour, s'affirmant prête à tout quitter pour lui et à le faire évader s'il accepte de l'épouser. Fidèle à sa fiancée et méprisant son sang allemand, Ménestin refuse.

Le journaliste Escandier, aidé par des amis patriotes, saute en parachute sur l'aéro-bagne 32, et les deux héros du roman s'enfuient avec un avion de secours, réservé à l'état-major en cas de sinistre, pendant que l'aéro-bagne explose de toute part. C'est bien sûr l'œuvre d'Eitel, la fille du commandant, ivre de vengeance

Il s'agit, on l'a vu, d'un méchant roman d'aventures, furieusement "anti-boche", écrit à la godille, mais infiniment plus plaisant à lire que les grosses machines de Laurie ou de Graffigny. En fait d'île volante, l'aéro-bagne 32 est un très très gros avion, mais le temps qu'il reste en l'air est suffisant pour le faire entrer dans notre chrono-bibliographie.

 

1923-24

20000 lieues à travers le monde

Guy de Téramond

25 fascicules chez Ferenczi

 

20000 lieues à travers le monde est le résumé de tous les trucs et toutes les ficelles de l'anticipation française des années 20. C'est le fascicule 12, l'île de Laputa, qui nous intéresse. Joseph Altairac le résume ainsi: "L'avion reprend son vol et les deux hommes aperçoivent bientôt une ombre énorme se profiler devant le soleil Il s'agit d'une île volante, celle que Gulliver avait jadis visitée! L'île est habitée par un roi particulièrement distrait et par une foule de demi-fous qui se prennent pour des savants mais sont surtout des charlatans. L'un d'eux prétend se livrer sur le vieux savant à une expérience démentielle prouvant que les membres humains peuvent repousser naturellement. Avant l'opération, Georges substitue un cadavre au vieux savant, puis ce dernier réapparaît au bon moment, faisant croire que l'expérience a réussi. Les Laputiens sont enthousiasmés, et le roi envisage de servir de cobaye à la prochaine expérience! Les deux explorateurs s'empressent de quitter l'île, laissant les Laputiens à leur folie."

Pour les lecteurs voulant en savoir plus, nous les renvoyons à l'excellent article d'Altairac, paru dans Encrage # 6.

 

1928

L'homme aux hélicoptères

Jean de la Hire

Tallandier

 

 

1929

Islands in the air

Lowell Howard Morrow

Air Wonder Stories

n° 1, juillet 1929

 

Vous pouvez voir la couverture, lire cette formidable histoire, ainsi d'ailleurs que tout ce numéro d'Air Wonder Stories en cliquant sur ce lien. Attention, vous quittez l'Adamantine. Pensez à nous ajouter à vos signets avant de partir.

 

Cities in the air

Edmond Hamilton

Air Wonder Stories

n° 5 et 6, novembre, décembre 1929

 

"En novembre et décembre 1929, Hamilton avait présenté une autre de ses innovations dans Cities in the air (paru dans Air Wonder Stories). Bien que le concept de villes aériennes flottantes ait déjà été utilisé par Swift dans les Voyages de Gulliver (Laputa), la vision que Hamilton nous donne de villes majestueuses tournoyant dans les airs et s'opposant en un conflit prodigieux, a fort bien pu inspirer l'étourdissante série des villes nomades de James Blish" nous dit Sam Moskowitz dans son introduction au Roi des étoiles d'Edmond Hamilton (C.L.A.)

Hamilton eut lui aussi les honneurs de la couverture d'Air Wonder Stories.

 

1931

L'île aérienne

André Star

Tallandier "Grandes aventures, voyages excentriques"

 

Deux aviateurs découvrent une extraordinaire île volante construite par un savant de génie, le professeur Nox. L'île est surprise par une formidable tempête alors qu'elle n'est pas à une altitude suffisante pour, si j'ose dire, "dominer la situation". L'île aérienne s'engloutit dans l'océan malgré les efforts du professeur Nox.

Il s'agit d'une julevernerie tardive destinée à la jeunesse mais Dazergue (Star) a du talent et son roman est à la fois court et enlevé.

comme dans beaucoup de ses oeuvres, Dazergue sait à merveille jouer sur le suspense et le détail apparemment saugrenu.

Pour un résumé complet du roman d'André Star et un intéressant commentaire critique, nous renvoyons nos lecteurs à l'article de Joseph Altairac paru dans Encrage # 7.

On y apprend que Dazergues a repris le thème de l'île volante dans un album illustré pour la jeunesse, Aéros, empereur des nuages (Ed. du Puits-pelu), illustré par Roger Roux et le père de Caroline, Pierre Probst.

 

1933

The mail pilot

Floyd Gottfredson

Strips du 27 février au 10 juin 1933

 

Mickey Mouse devient pilote d'avion courrier. Il apprend que de nombreux avions ont disparu depuis quelques temps. Quand son propre avion est capturé par une toile d'araignée géante, Mickey découvre que des pirates de l'air, commandés par Peg-Leg Pete (Pat Hibulaire) et Sylvester Shyster, ont créé un royaume aérien dans un gigantesque dirigeable. La cité, baptisée Plunderville (pillage-ville) est organisée autour d'une vaste artère principale. On y trouve des magasins, un hôpital, une mairie et un marché. L'alimentation est fournie par une ferme installée dans le dirigeable.

L'intrigue et les dessins sont de Gottfredson, le scénario de Ted Osborne, l'encrage de Ted Thwaites.

The Mail Pilot est paru en France dans le volume cinq de l'intégrale de Mickey, chez Dargaud.

Le déjà très grand Floyd Gottfredson dans ses pompes et ses œuvres.

 

1933

On se bat dans l'air

Roger Labric

Editions H. Baron

 

Nous présente d'immenses ballons dirigeables dont le sommet sert de porte-avion. Ouvrage couronné par l'Académie Française comme le fut en son temps le roman du capitaine Danrit, la Guerre de demain.

 

1934

Flash Gordon

Alex Raymond

Planches dominicales

 

Nous intéresse pour la cité des hommes-faucons soutenue par des piliers de lumière (un système anti-gravité qui apparemment marche grâce à une sorte de chaudière atomique).

Le Flash Gordon d'Alex Raymond fonctionnait sûrement très bien sur les jeunes lecteurs des années 30 qui en lisaient une planche tous les dimanches. Mais réunie en album, la série devient absolument illisible. On a l'impression de lire le synopsis d'un mauvais scénariste de sérial qui se serait gavé d'Edgar Rice Burroughs.

Les personnages sont tout juste caractérisés (ils ont en tout et pour tout une ou deux fonctions: l'héroïsme, la jalousie, la noblesse...), les dialogues sont souvent à la limite du risible, l'invention thématique inexistante (pas un élément qui n'ait été piqué à droite ou a gauche).

Restent les dessins d'Alex Raymond qui font que l'on feuillette aujourd'hui Flash Gordon comme un livre d'image parfois somptueux.

C'est ce côté "éléments pour une BD à faire soi-même" qui explique peut-être le succès de Flash Gordon auprès des enfants du nouveau et de l'ancien monde. Les enfants ont souvent bien du talent.

 

1936

Don Winslow of the navy

Frank-Victor Martinek

(Bande dessinée)

 

Un pauvre petit strip américain publié en France dans le Journal de Mickey (25 janvier-15 mai 1938) et réédité dans Phénix # 13, avec un article de Pierre Couperie emprunt de nostalgie et d'érudition.

Le méchant a récupéré une météorite aux vertus anti-gravitationnelles et fabriqué une cité céleste flottant dans l'espace à 100 km d'altitude.

 

1936-37

Island in the sky

Floyd Gottfredson

Strips du 30 novembre 1936 au 3 avril 1937

 

Mickey Mouse et Goofy achètent un avion et découvrent une île aérienne créée par le docteur Einmug.

Einmug: Tous les scientifiques savent qu'un verre d'eau recèle assez d'énergie pour faire traverser l'Atlantique à un paquebot... à condition de l'utiliser toute! Vous me suivez?

Mickey: Oui, mais...

Einmug: Arh!... Je l'utilise! Voilà tout!

Goofy: Tu vois, Mickey! Rien de bien sorcier!

Peg-leg Pete (Pat Hibulaire) ne tarde pas à pointer le bout de son nez. Il cherche à s'approprier les nombreuses inventions de l'île.

Certainement la meilleure illustration du thème de l'île volante pour le 20ème siècle - en tous cas la plus drôle - par le grand FLoyd Gottfredson au sommet de son art, assisté pour le scénario par Ted Osborne et pour l'encrage par Ted Thwaites.

Les français l'ont découvert en 1937-38 dans le Petit Parisien. La meilleure édition disponible en français est Mickey et l'île volante, chez Hachette (1987) collection "l'âge d'or de Mickey". Le même récit a été adapté pour les comic books. Jean-Paul Jennequin, mickeyphile averti nous écrit à propos de cette version d'Island in the sky: "Mon édition est dans la série "A dynabrite comic" publiée par Whitman au début des années 80, des sortes d'éclair comics à l'américaine (48 pages sous couverture carton). A l'intérieur, il y a trois histoires dont une par Paul Murry et une sans doute par Dick Moores. Mickey Mouse and his Sky adventure qui donne son titre au fascicule, est dessiné par Bill Wright d'après l'histoire de Gottfredson parue avant-guerre. Je pense que cette nouvelle version était imposée par le fait que Mickey avait entre-temps changé d'aspect surtout au niveau du visage. Au niveau du récit, l'histoire est condensée (moins de cases) et l'impact comique de certains gags s'en trouve considérablement réduit. Les copyrights donnés dans l'album sont 1948 et 1951. Je pense que Sky Adventure date de 1948 mais uniquement parce que les autres histoires de Wright que j'ai pu voir datent de cette période.

Cette version de l'histoire est vraisemblablement celle qui fut traduite en français dans Mickey et l'île aérienne, album "Votre série Mickey" qui a enchanté mon enfance. (Gros soupir.)"

Dernier point que confirme le Collectionneur de BD # 47.

 

1937-38

Les robinsons de l'île volante

R.-M. de Nizerolles

28 fascicules chez Ferenczi

 

Les aventures de Tintin le célèbre petit parisien et ses amis en lutte contre de mystérieux pirates aériens basés sur une extraordinaire île volante.

Né en 1884, Marcel Priollet est surtout l'auteur de nombreux "grands romans d'aventure et d'action" pour les lectrices de Tallandier et Ferenczi, comme Les Bas-fonds du grand monde, Séduite le jour de ses vingt ans, Trompée... au seuil de la chambre nuptiale, Vendue... au printemps de sa vie Les Amours d'une femme mariée, Chassée!... le soir de ses noces, Pour une heure d'abandon.

J'ai personnellement en mon temps essayé de lire Aimée... et chassée par son légionnaire (plus de mille pages bien tassées) et parcouru longuement Mère à quinze ans... , ainsi que: Sans Alliance et sans fleur d'oranger. Les trois sont d'interminables "romans du martyre féminin" à base de filles mères et de quiproquos ridicules. Priollet tire à la ligne d'une façon éhontée et ses héroïnes sont si niaises que, malgré leurs innombrables malheurs, on en arrive rapidement à les détester. Nous nageons dans les clichés les plus éculés et les plus réactionnaires et Priollet n'a qu'un mérite: les pousser jusqu'à la parodie involontaire.

Les fascicules pour la jeunesse qui mettent en scène Tintin et qui sont signés René de Nizerolle sont d'une tout autre eau. Si hélas Nizerolles continue de tirer à la ligne, il manifeste également un vif et contagieux plaisir de l'invention mirobolante et les Aventuriers du ciel, "voyages extraordinaires d'un petit parisien dans la stratosphère, la lune et les planètes", ainsi que Les Robinsons de l'île volante, "aventures extraordinaires d'une petit parisien sur terre, sur mer, dans l'air et dans l'invisible" sont des plus plaisants pour un lecteur armé d'un peu de bienveillance.

Pour une analyse détaillée de Les Robinsons de l'île volante, nous renvoyons une fois de plus à Joseph Altairac et son article paru dans Encrage # 4 et 5.

 

1938

L'île des hommes bleus

José Moselli

L'Epatant

 

1941

Le clan des hommes-oiseaux

Lortac

BD, in Gavroche # 13 à 43

 

1947-48

L'île volante du professeur Barthélémy

Robert Charroux

Feuilleton de Mon Journal

 

1948

L'île volante

Bob Dan, "d'après un conte de Maurice Limat"

BD, éd. S.E.G., collection "à travers le monde".

 

1948

La cité aérienne

Jean Cézard

BD, 2d. S.A.E.T.L., collection "le scalp"

 

1949

Les pirate de la stratosphère

Sirius

BD, Dupuis

 

Un savant fou a construit un gigantesque porte-avions stratosphérique. Ses acolytes en descendent pour razzier les navires isolés après en avoir endormi les passagers. L'épervier bleu et ses amis Larsen et Sheba se mêlent à l'un des commandos sur la voie du retour, protégés par des masques du gaz soporifique.

Plus soucieux de butin que de domination du monde, les pirates se révoltent contre l'autorité du savant qui se voit contraint de faire momentanément alliance avec l'épervier bleu et de saboter son œuvre.

Pour peu qu'on ait une certaine inclination pour les héroïques inventeurs de la BD belge, on peut trouver un charme "primitif" aux aventures de l'épervier bleu. Aventures fabriquées avec des souvenirs de José Moselli et des bribes de vieux "Tallandier bleus".

 

 

1955

Les mirobolantes aventures du professeur Pipe: le stratosphérique voleur de saucisson à l'ail

Jean Cézard

BD, in Dakota # 12 à 15

 

Savants fous et humour bon enfant par un dessinateur de grand talent, disciple de Dubout et d'Erik.

Une partie des aventures du professeur Pipe, dont ce Stratosphérique voleur de saucisson à l'ail, a été rééditée par Jacques Glénat, en 1977, dans la collection BD Poches.

 

1956

They shall have stars (Aux hommes les étoiles. Ed. Denoël)

1962

 

A life for the stars (Villes nomades; Ed. Denoël)

1955

 

Earthman come home (La terre est une idée; Ed. Denoël)

1958

 

The triumph of time (Un coup de cymbales; Ed. Denoël)

James Blish

 

Au 21ème siècle, deux découvertes scientifiques majeures ont été faites: l'antigravitation et l'immortalité. Fuyant l'Etat totalitaire que sont devenus les Etats-Unis d'Amérique, des hommes arrachent de la terre leurs cités - dont New-York - et s'envolent vers les étoiles! Et notre thème s'arrête là!... L'île volante est devenue vaisseau spatial et le roman d'aventure se mue en fresque galactique.

Avec Blish, nous ne sommes plus dans la lignée de Verne, mais dans celle de Stapledon.

 

1965

La pierre qui vole

Greg

BD, in Tintin # 852 à 882

Album Lombard, 1968, Récréabull, 1986

 

La reprise de Zig et Puce par Greg fut une réussite. Greg avait à cette époque une fraîcheur et un enthousiasme qui convenaient à l'esprit de cette série et La Pierre qui vole est un album fort plaisant.

Ultime occurrence du thème de l'île volante (encore qu'il y ait eu, la même année, Youky, l'île de l'espace, dans GO # 9, mais nous ne connaissons pas son origine), on peut le lire comme un post-scriptum humoristique qui récapitulerait - consciemment ou sans le savoir - tous les ouvrages que nous venons de parcourir.

 

Bob Flash


Correspondance

 

• Marc Madouraud, éminent collaborateur du Bulletin des amateurs d'anticipation ancienne et de fantastique*, nous a apporté de nombreuses informations propres à compléter nos chrono-bibliographies, en particulier sur les îles aériennes. Je cède donc la parole à M. Madouraud.

 

• Peu connue, une des premières îles aériennes "post-Laputiennes", se retrouve dans un roman de Daniel Darc, Voyage autour du bonheur (Marpon & Flammarion, 1884), où le héros, parmi d'autres pays étranges, visite une ville dédiée au progrès et à la science, soutenue par un ballon titanesque.

• Vers 1929, Paul-Yves Sébillot publia quatre fascicules (Collection Beaux Romans d'aventures) réunis ensuite sous le titre L'Ile volante (France-Editions), dans lequel un savant fou défie le monde à bord de son engin. En Belgique, vers 1950, l'inénarrable Capitaine Ricardo commit dans son interminable collection Nouvelles Aventures de Victor Vincent, un fascicule lui aussi nommé L'Ile volante (G. Van Loo, Anderlecht, N.A.V.V. n. 177), où des nazis, toujours revanchards, ont construit une base aérienne lâchant des soucoupes volantes sur le pauvre monde.

 

M. M.