MISCELLANÉES STRIPOLOGIQUES

HERGÉ PORTRAIT INTIME DU PÈRE DE TINTIN
Benoît Mouchart, François Rivière
Robert Laffont, 2011

Nouvelle biographie d’Hergé, par deux auteurs qui ont décidé de faire plus court que leurs prédécesseurs, moins de 250 pages, ce qui nous donne une vie de Georges Remi dense et agréable à lire. Nos auteurs ont le mérite de se dégager autant qu’il est possible d’un jugement moral, souvent très présent chez les biographes. Hergé apparaît comme cohérent avec lui-même et avec son milieu social. Parmi les raisons de ses choix, discutables et discutés, le désir de revanche sociale est ici clairement mis en évidence.
Les auteurs ont voulu réestimer le rôle de la mère de Georges Remi, « femme fragile que la folie a fini par emporter ». Ils n’ont pas de mal à montrer que le motif de la folie est omniprésent dans l’œuvre d’Hergé. La petite-bourgeoise de cette époque croyant à l’hérédité de la folie, on imagine les angoisses d’Hergé pour lui-même. C’est probablement de cela que parle Hergé dans la lettre citée par Benoît Peeters dans sa biographie Hergé fils de Tintin, Flammarion 2002, p. 38, et non d’un supposé oncle pédophile, qui semble, lui, un peu trop conforme aux lubies de notre temps.
MM. Mouchart et Rivière, outre un point de vue sur l’homme, ont le mérite de porter un jugement clair sur l’œuvre, sachant dire ce qui leur semble digne d’admiration, et ne craignant pas d’écrire par exemple que Vol 714 pour Sydney et Tintin et les Picaros sont des albums ni faits ni à faire.
Ce livre, qui utilise les travaux biographiques qui l’ont précédé avec rigueur, marque probablement la fin d’un cycle. L’auteur qui voudra reprendre le flambeau de la biographie hergéenne devra soit proposer du neuf, et l’on se demande où il pourrait le trouver, soit proposer un changement de perspective radical

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