Frequently Asked Questions

(Questions Fréquemment Posées)


  • Voici les questions qu'on nous pose le plus souvent, mises en forme par notre jeune disciple, V. de Boisvert, et nos réponses.

     

     

  • Quel est le fil conducteur de votre page ? On a l'impression que vous parlez d'un tas de choses différentes ?

     

  • Nous parlons de ce qui nous intéresse. Par chance, nos intérêts sont assez cohérents. Pour commencer, la chose qui nous intéresse le plus est la littérature (écrite ou dessinée). En second lieu, nous avouons une vive inclination pour le légendaire, le merveilleux, le fantastique. D'où la littérature fantastique, les études spirites, les études martiennes, l'anticipation. Troisième point : plus on se raproche du domaine anglo-saxon et du 19e siècle, bref, de l'univers victorien, plus cela nous séduit. Dernier point, nous éprouvons une sorte de fascination trouble pour les sciences ratées. D'où le spiritisme scientifique et la sémiologie, qui sont des sciences ratées. Les parapsychologues et les sémiologues contesteront violemment ce point, mais c'est comme cela.

  • Pourquoi êtes-vous si méchant ? On a l'impression que votre seul plaisir est de dire du mal de tout le monde.

     

  • Ce n'est pas tout à fait exact. A côté de l'improbation hautaine et cassante (« les opinions exprimées par Machin sont ridicules »), nous disposons d'une deuxième attitude qui est l'adulation larmoyante (« que c'est beau »).

     

  • On a tout de même l'impression que vous avez un problème avec la modernité. Est-ce que le fait de ne jurer que par Dickens, Villiers de L'Isle-Adam, Conan Doyle ou H. G. Wells implique nécessairement qu'on rejette en bloc toute la littérature ainsi d'ailleurs que tous les arts du 20e siècle ?

     

  • Il n'a jamais été question pour nous de faire en bloc le procès du 20e siècle (notre titre : Pour en finir avec le 20e siècle doit donc se lire : Pour en finir avec le stupide 20e siècle), ni même de la modernité. Il faut au contraire mettre au jour ce qui, au 20e siècle, a été caché par les pseudo-avant-gardes. Un Tavener en musique, un Roubaud, en littérature, sont infiniment plus importants que les âneries de Boulez ou du Nouveau Roman ou que les élucubrations du groupe Tel Quel.

     

  • Ce qui nous mène tout droit à Barthes, votre tête de turc, et au courant inspiré par la sémiologie. Pourquoi les détestez-vous tellement ?

     

  • Nous n'avons aucune raison de dissimuler qu'en littérature comme en art, le courant qui prône le rejet de la représentation ou du récit ainsi que la remise en cause de l'entreprise littéraire ou artistique comme expression de la personnalité du créateur et qui tend à mettre au premier plan non l'œuvre mais le discours qu'on tient sur elle, nous inspire au mieux une complète indifférence, au pire une véritable aversion.

     

  • Il faut peut-être préciser que cette doctrine domine depuis des décennies le monde des arts et que ce qui a été une avant-garde, depuis belle lurette réprésente la nouvelle orthodoxie. Cependant, les tenant de ce courant continuent à rejeter les critiques en criant soit à l'acharnement et à la persécution, soit au philistinisme. Si vous en dites du mal, vous voulez empêcher de vivre une courageuse petite avant-garde et, subsidiairement, vous démontrez que vous ne comprenez rien à l'art. Il entre ici tant soit peu de mauvaise foi et de duplicité. La courageuse petite avant-garde contrôle aujourd'hui les institutions culturelles (musées, ministère de la culture, revues, université). Quant à l'ignorance et au philistinisme, remettre en cause des hiérarchies universellement admises, ce n'est pas notre définition du philistinisme ! Le philistinisme, nous le voyons au contraire du côté de l'art officiel. Lorsqu'on entend, dans des archives de l'Ina, Edgar Varèse nous expliquer que la mélodie est une espèce de sucrerie dont on saupoudrait autrefois les morceaux de musique pour flatter le goût du bourgeois, qu'on peut très bien tout dire avec des percussions et qu'on ne vient pas au concert pour entendre des sons agréables, le critique Georges Charbonnier expliquer gravement qu'on va faire dorénavant de la peinture mathématique et que par conséquent il ne sera plus possible de faire de la critique, parce que la mathématique, c'est juste par définition et que cela ne se discute pas, ou le crétin Yves Klein déclarer qu'il peint des monochromes bleus pour émuler les Russes qui ont envoyé un spoutnik dans l'azur, on est en droit de se demander qui est le philistin et aussi qui est moderne. Tous ces gens sont de leur époque, qui est une époque d'ingénieurs et de techniciens : ils supposent que les arts vont inéluctablement relever eux aussi d'une technostructure et ils adaptent en conséquence leur discours et leur pratique. En même temps, on est bien obligé de constater que ces gens n'ont absolument rien compris ni à leur temps ni à l'art de leur temps. C'est excusable pour Varèse, qui est un homme du 19e siècle, c'est moins pardonnable pour les autres. Ils sont totalement anachroniques et c'est ce qui les rend si pathétiques. C'est aussi ce qui les rend si péremptoires. Décréter que la figuration est morte, ou que la peinture de chevalet est finie et renvoyer les gens qui en produisent encore et ceux qui en consomment (c'est-à-dire le public cultivé !) à un néant critique et institutionnel, c'est se comporter comme l'ingénieur qui doit construire une centrale atomique ou l'architecte qui doit construire une barre d'immeubles de dix kilomètres de long. La construction de la barre d'immeubles n'empêche pas que les gens continuent à habiter dans leurs pavillons de banlieue ou leurs vieilles bergeries - sauf chez Ceaucescu, où on a rasé les villages et les vieux quartiers pour mettre les gens dans les barres -, mais l'architecte n'a pas à s'occuper de ces pittoresques reliefs. L'architecture dont il est question dans les revues d'architecture, c'est celle des barres. De même, les habitants des masures continuent probablement à se chauffer avec d'antiques poêles à bois, à charbon ou à mazout, mais l'ingénieur n'a pas à se préoccuper de cela. Sa tâche est de doter les barres de radiateurs électriques qui consommeront les mégawatts produits par la centrale nucléaire et c'est de cela qu'on parle dans les milieux du nucléaire.

     

  • Reste que vous n'admettez dans votre panthéon que des indépendants dont on peut supposer qu'ils continuent des formes traditionnelles. C'est tout de même une façon d'évacuer le 20e siècle. Vous m'avez dit dans une autre conversation que vous avez l'impression d'avoir enjambé le 20e siècle. Vous êtes passé directement du 19e au 21e siècle.

  • La meilleure preuve que nous ne rejetons ni la littérature ni les arts du 20e siècle dans leur totalité est que nous critiquons des romans dessinés récemment parus. Vous pouvez trouver que c'est une échappatoire, mais ce n'est pas le cas. Veuillez comparer deux positions : la nôtre quand nous écrivons que Gemma Bovery de Posy Simmonds est un excellent roman de la fin du 20e siècle, qui se trouve être un roman dessiné, et celle de l'universitaire spécialiste d'art contemporain, qui se met en colère quand on lui parle de bande dessinée comme d'un art ou d'une littérature et répète qu'il s'agit d'un art populaire ou d'une littérature de masse, qui découle de l'industrialisation des biens culturels, et qui mérite une note en bas de page dans l'histoire de l'art contemporain parce que le pop art l'a un moment pastichée. Encore une fois, qui est le philistin ?

     

  • Restons sur la BD. Avec votre complice Manuel Hirtz, vous avez consacré un ouvrage (Le Petit critique illustré, PLG, 1997, édition revue et augmentée, 2005) à démontrer que 80 % à peu près de ce qu'on a écrit sur la BD en langue française est faux et/ou idiot. Est-il nécessaire, ici encore, d'enfoncer le clou sur votre site en répétant sur tous les tons que ce qu'écrit Truc ou Machin est faux ? Je ne conteste pas le fond de vos analyses, c'est votre acharnement qui me pose problème.

     

  • Nous ne vous suivrons pas sur votre interprétation du Petit critique. Cette idée que nous critiquons tout le monde fait partie de la légende de l'ouvrage. Il est vrai qu'ayant choisi un titre pareil, nous devions nous y attendre ! Mais enfin, le livre existe, et sa mise à jour permanente est même l'une des raisons d'être de notre site web. En ce qui concerne le radotage, chaque fois que nous lisons un article, une étude, un livre, un manuscrit, nous constatons à nouveau que toute la littérature qu'on essaie de produire sur la BD est contaminée par les inepties qu'on a déjà écrites. C'est vrai même sous la plume d'excellents auteurs et de spécialistes reconnus. Il suffit qu'ils baissent leur garde un moment, et revoilà, à peine déguisées, toutes les vieilles sornettes : la description des productions anciennes comme les premiers balbutiements, la description de la bande dessinée comme une littérature enfantine, la célèbre révolution dans la bande dessinée française des années 1960 dont nous savons aujourd'hui qu'elle n'a jamais eu lieu. Il est impossible d'en sortir.

     

  • On a la nette impression que pour vous tout est mauvais dans la BD franco-belge mais que tout est bon dans la BD américaine. De même, tous les théoriciens français ont tort, mais tout ce qu'écrivent des théoriciens anglo-saxons est parole d'évangile. Vous êtes francophobe.

     

  • Nous sommes francophone et francophobe ? Nous n'avons jamais fait mystère de notre admiration pour les bandes dessinées américaines qui paraissent depuis un peu plus d'un siècle dans les journaux quotidiens, ce qu'on appelle le newspaper strip. Il se trouve qu'une décennie de ce médium (en gros les années 1930) a été assez arbitrairement portée au pinacle par la première génération des critiques français et que tout le reste est considéré comme anecdotique. Quand on explique à un lecteur français qui estime bien connaître la BD que Little Orphan Annie (créé en 1924) est un très important strip américain, on recueille un haussement d'épaules incrédule. Pour un Français, un strip important, c'est Mandrake le magicien, ou Raoul et Gaston, il n'a jamais été question de Little Orphan Annie. Par contre, l'assertion ne choquera pas un spécialiste américain, qui associera volontiers Harold Gray avec Dickens, son modèle. Il n'est peut-être pas complètement invraisemblable que des spécialistes américains parlent assez bien de leur propre bande dessinée.

     

  • D'où viennent tous ces développements sur le spiritisme, les grands médiums et les vieux métapsychistes du 19e siècle ?

     

  • Il s'agit d'un livre pas fait. Beaucoup de livres pas faits finissent sur internet, dans des états de délabrement variables, et ils sont lus par davantage de personnes que si le livre avait été fait, publié et mis en vente ! Le livre en question existe (ou existerait si nous l'avions écrit) grâce à un heureux hasard. La BNUS de notre bonne ville de Strasbourg a recueilli la bibliothèque d'un vieux métapsychiste allemand qui s'appellait le baron de Schrenck-Notzing. Nous avons donc eu sous la main toute une bibliothèque d'ouvrages rares et précieux. Par contre, il nous manque, et nous cherchons toujours, Au pays des ombres de Mme d'Espérance.

     

  • Ou en êtes-vous de votre littérature ?

     

  • Depuis La Reine du ciel, dont on peut lire tout le début sur le site, nous avons écrit deux autres romans, Saint-Ours ou le village invisible et Marc et le matriarcat, qui creusent la même veine fantastico-littéraire. Nous publierons cela un jour, mais nous ne sommes pas spécialement pressés, puisque nous avons reniflé avec La Reine du ciel les lauriers de la gloire qui consistaient cette année-là en dix minutes de compliments sincères sur France-Culture et douze lignes dans Le Nouvel Observateur. Quand nous publierons Saint-Ours ou le village invisible et Marc et le matriarcat, nous ne manquerons pas d'en mettre le début sur le site.

     

  • Je vous fais part pour finir d'un certain nombre de questions brèves, arrivées par e-mail. Est-ce que Manuel Hirtz existe physiquement, ou est-ce que vous n'êtes qu'une seule et même personne ?

     

  • Non seulement il existe, mais il est de plus en plus gros.

     

  • Existez-vous sur papier ?

     

  • En tant que zine, nous avons existé sur papier pendant de longues années, mais nous n'existons plus que sur la toile.

     

  • Est-ce que vous êtes vraiment un chat ?

     

  • Pas complètement, mais il y a plusieurs chats dans la famille.

     

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